| | | par Sophie Chambon le 06/09/2003
| | |
| On attendait avec une certaine impatience le prochain opus Sketch de Daniel Humair. S'il a montré qu'il était un accompagnateur hors pair depuis quarante ans, il a trouvé avec ce label un espace de liberté qui lui permet de développer certains projets et de créer l'événement : comme avec le trio HUM puis HUCHEDU, ainsi en est-il de ce groupe, un quintette qu'il a constitué, "son Baby Boom".
C'est que Daniel Humair continue à vibrer pour le jazz vivant français, à surveiller les talents qui sortent de ce véritable laboratoire qu'est le Conservatoire de Paris où il fut professeur. Il a donc pu repérer en toute sérénité ses futurs partenaires dans cette nouvelle vague qui fait la couverture du dernier Jazz Magazine : une joyeuse bande de trentenaires qui a multiplié toutes sortes d'expériences dans des formations étonnantes, des musiciens aguerris qui se sont frottés à l'urgence et à toutes sortes de déclarations musicales.
Sur les compositions de ses jeunes acolytes, les saxophonistes complices et complémentaires Matthieu Donarier et Christophe Monniot qui mènent la danse avec le soutien déterminant du contrebassiste Sébastien Boisseau, Daniel Humair se laisse entraîner tout en restant le gardien ferme et souple du tempo. On sent qu'il doit jubiler à suivre ses talentueux partenaires et s'il nous gratifie encore de quelques belles envolées, en mettant la main à la pâte comme dans ce "Saveur exquise", ou cette "Bourrée de la mariée" un brin délurée, il continue d'agir à sa guise et c'est au groupe qu'il pense avant tout, à sa cohésion. Classique comme dans ce "Blanc cassé" aux effluves elllingtoniens, tendrement mélancolique dans "U mahelo pablo", les compositions soignées favorisent le travail d'équipe. Manu Codjia intervient subtilement brossant par endroits des arrière-plans délicats. Offensifs sans être agressifs, modernes sans renier les pères fondateurs, tous se livrent avec une fougue délicieusement tempérée, en frémissements contrôlés, dans les marges sans débordements. Ils rendent hommage au travail de cette figure tutélaire, et jouent en liberté surveillée. Avec une sagesse folle et ce, pour notre plus grand bonheur.
On peut jeter les dés, quelle que soit la face sur laquelle ils retombent, le résultat est toujours gagnant. Parions que le prochain coup de dés "in augurera" d'aussi heureux espaces sonores. |
|
|