| | | par Xavier Georges le 16/03/2003
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| Daniel Hélin vient du théâtre et du cirque, deux univers parcourus en parallèle dont il sinspire pour accoucher du sien, sa musique. Le théâtre inspire un style à la limite du parlé, avec toutes les intonations qui en découlent et le cirque un côté fanfare présent dans certains des morceaux. Ce monde si particulier lui a dailleurs valu quelques prix, en 1998 (Biennale de la Chanson française à Bruxelles) et en 2000 ("Découverte" du Printemps de Bourges). Après "Borlon" en 1999, "Les bulles" est son deuxième album, enregistré en 2001, mais seulement distribué en France aujourd'hui. Un album-boulimie de mots tant son auteur est inspiré et créateur, générateur de rimes. La plupart des morceaux sont écrits sur deux rimes, voire une seule, faisant de Daniel Hélin un digne héritier - pour les textes du moins - de Serge Gainsbourg, particulièrement "Clarisse", rappel immanquable des "Variations sur Marilou" : "O, merveillissime Clarisse / Je sais que t'aimes quand je ratisse / Le chaud trésor de ton calice / Le croquant de ta fleur de lys". Daniel Hélin chante un peu. Il parle beaucoup. Il crie même, sur "Le cochon", véritable chanson de foire où il clame haut et fort que "L'élevage en camp tue sans mesure / La terre qu'on laisse à nos enfants". Après le cochon, "La vache reflète le délire obsessionnel d'un amour bovin sur un air de tango champêtre et rustique. C'est dans cette ferme de briques et de broc qu'on est invité à découvrir les petits univers dérisoires de Daniel Hélin, ses trompettes orientalisantes, ses fanfares kusturiciennes, ses airs allant du tango au funk. Et on y retourne volontiers, des fois qu'on serait passé trop rapidement sur "La limace", et son rythme nonchalant, entre maracas et kermesse. Enfin, comment décrire parfaitement l'esprit de Daniel Hélin sans évoquer "La panne de courant", comptine fraîche et naïve sur le sujet on ne peut plus sérieux de la panne sexuelle. Et le parfait crooner à voix de miel de conclure : "La tendresse restera la même / De l'amour de mon bonheur / C'est elle qui panse toutes mes peines / Mieux qu'on coup de bite de ramoneur"... C'est ça, le monde de Hélin, un créateur de mots autant que de musique, qui se moque bien des esprits bien pensant et des chemins bien battus... |
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