Morceaux qui Tuent Ruby don't take your love to town LA-Memphis-Tyler
Hawkins, un nom entre parenthèses en
68 sur la pochette du premier single de Creedence Clearwater Revival
et c'est tout ce que nous Français saurons de l'auteur de "Suzy-Q" (ortographe 1957), aux disques jamais pressés chez nous et dont les
précédentes reprises de son même morceau symbole (par les Stones,
Gene Vincent ou Hallyday - "Suzie Lou" 64) n'avaient guère
attiré l'attention.
Pourtant, lorsque parait l'année suivante ce deuxième album
"L.A., Memphis & Tyler, Texas", n'importe lequel des
labels managers normalement constitué n'aurait pas dû laisser
passer le lascar. Déjà, l'album sort sur Bell Records, un label
en vue depuis 67 avec le succès mondial des Box Tops, mais surtout,
à son générique figurent Taj Mahal, Spooner Oldham, Bobby Charles,
Ry Cooder (certes encore inconnu), les Memphis Horns... quant à
l'homme, malgré ses 32 ans, il a déjà de la bouteille, avec un premier
album qui avait marqué les esprits américains en 57, enregistré avec de vieux "potes"
(James Burton, guitariste d'Elvis Presley, Joe Osborne et Roy
Buchanan - excusez du peu), avec lesquels Hawkins tournait dès lors
régulièrement.
On aura donc dû attendre cette réédition Rev-Ola pour savourer, malheureusement in memoriam - Delmar Allen "Dale" Hawkins est mort en février 2010 - un album qui va faire rugir de
plaisir les amoureux du bayou, avec son swamp gras et couillu, comme
un Tony Joe White (période Monument) shooté à l'énergie vitale
d'un Link Wray des débuts. Qu'ils soient originaux ou des reprises
("Candy man", "Hound dog" ou "Ruby don't
take your love to town"), les morceaux sont mitonnés par le
même cuistot, un mélange assaisonné au gumbo de rhythm and blues,
rockabilly, blues et country, chantés d'une voix presque blasée. Chaud pimenté devant !
DALE HAWKINS Ruby, don't take your love to town (1969 Audio seul)