| | | par Vincent Théval le 15/12/2004
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| Le désert de Mojave est cet endroit mythique, terre montagneuse et cramée quelque part entre la Sierra Nevada et la Vallée de la Mort, dont on a quand même du mal à concevoir qu'il se trouve en Californie. Mark Olson et Victoria Williams vivent là, dans leur ferme, avec leurs chiens, leurs ânes et leurs oies. Ils plantent des arbres et font pousser des pêches. Dans cette semi-retraite rocailleuse, ils enregistrent des disques, chacun de son côté, ensemble, ou avec leur groupe, The Creekdippers. Leur musique ressemble à ce que semble être leur vie : simple, rude, obstinée, attentive à concilier la sécheresse d'une country hors d'âge et le sucre de mélodies nonchalantes. Des pêches au milieu du désert. Ce qui frappe le plus, entre guitares, banjo et violon crissant, ce sont les voix de Williams et Olson, comme fripées et craquelées par le soleil californien. L'excellent "Creekdippin' for the first time", paru à l'automne 2003, qui compilait les premiers enregistrements de Mark Olson, laissait entendre un chant plus doux. Il semble aujourd'hui partager avec Daniel Johnston une voix tremblante, véhicule d'une certaine naïveté. Cette sorte de vieillissement prématuré des cordes vocales est très émouvante. La fragilité qui s'en dégage éloigne le couple de l'exercice du pastiche country. Tout semble inspiré d'une éthique de vie, d'un quotidien et de traditions accueillies sans déférence mais avec respect et humour. Leurs chansons racontent des histoires de tous les jours ("Standing in the sun all day", "Mocking bird chase the crow"), des histoires d'amour, de passé ressassé en présent enjoué. Elles sont parfois mal peignées et un peu rustres ("Bath song", très drôle), parfois douces et souples grâce à un piano ou un orgue ("Wood in broken hills"). On les reçoit comme des cartes postales à la profondeur inattendue. |
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