| | | par Francois Branchon le 08/08/2006
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| Et les voici ! Ginger Baker, buriné comme un vieil alpiniste chamoniard, brushing plus du tout "ginger" mais blanc parfait, raide derrière ses fûts, Eric Clapton de plus en plus vieux jeune homme cool en “friday wear”, jeans et petites lunettes, Jack Bruce en revanche accuse les ans, vieux monsieur aux épaules rentrées et voûtées.
Le dispositif scénique est curieux - le trio installé devant un large écran fluo reproduisant des effets psychédéliques plutôt cheap, les limites d'un système high-tech sans âme - et met mal à l'aise, comme la mise sous cadre d'une époque réduite à ses délires visuels.
A l'attaque de “I'm so glad” le concert s'annonce comme sérieux et costaud, du genre à tenir longtemps la route. Ginger Baker donne l'impression d'avoir passé sa vie derrière sa batterie tant il semble “machine” (humaine) à battre sachant tout faire, Eric Clapton retrouve toutes les envolées lyriques attendues, mais Jack Bruce - comment, presque 40 ans après et dans son état, va-t-il chanter ?
Eh bien les apparences sont parfois trompeuses, on attendait Cream au virage sur son élément strictement "biologique" - la voix - et d'un tendon d'Achille redouté ils font leur force ! Car, au-delà du plaisir de revoir et réentendre ces morceaux sur une scène, c'est l'impression majeure qui s'impose de ce concert américain de la reformation de Cream, la voix de Bruce, superbe, puissante au besoin, douce parfois. Elle seule se montre capable de vivre et habiter les morceaux comme auparavant et les pétrir de blues quand il le faut (chapeau Jack Bruce !), quand les instruments respirent un peu trop le savoir-faire et une sorte de pilotage tout en maîtrise, sans surprise.
A quelques exceptions près (un "Rollin' & tumblin'", drivé par un Bruce assez époustouflant à l'harmonica), Cream reste un fauve mais sans griffes, les vivantes et parfois imprévisibles impros d'antan disparues pour une énergie un peu ronronnante, la Jaguar E pour un 4x4 urbain... |
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