On aborde toujours un disque hommage
avec appréhension (pour l'hommagé) et réticence (pour
l'hommageur). Alors, quand s'annonce un groupe nommé Contrebrassens, au
répertoire exclusif de chansons du grand Georges, on craint carrément un
avatar supplémentaire franco-français à la cohorte anglo-saxonne
des fac-similés des Doors, Beatles, Genesis ou Led Zeppelin.
Cependant...
Bâti autour de Pauline Dupuy (chant et contrebasse), ce
projet porté par Microcultures (qualité), enchante.
Sans jamais
imiter le son original des chansons, ni les dénaturer en les tirant
à elle, Pauline Dupuy installe une vraie atmosphère, douillette et
confortable de café de quartier, tables de bois et banquettes de moleskine, ou parfois carrément moyenâgeuse ("Le verger du Roi
Louis"). Une voix nostalgique ou matinale, toujours prenante de
douceur et de mélancolie ("Il n'y a pas d'amour heureux").
Les musiciens qui l'accompagnent n'y sont pas pour rien, riche troupe
de huit autour de Michael Wookey (réalisateur du projet), ensemble
de percussions, mellotron, vibraphone, violon, harpe, euphonium,
pichotte, marxophone (!) et autre clarinette, On regrettera juste le "Mourir pour des idées" final, un peu trop fanfare.
Le projet était gonflé. Pauline Dupuy a su se poser, ni derrière ni devant, mais à côté de Brassens. Bien joué.