| | | par Filipe Francisco Carreira le 12/10/2002
| Morceaux qui Tuent Déjà morts Models are not angels
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| On entre dans "Stereo-fictions comme dans un rêve ; celui de Thomas Deligny, authentique passionné de cinéma et de bandes originales, qui, sous l'appellation "Concorde Music Club", a concocté une douzaine de symphonies de poche illustrant des films imaginaires. Un tel projet n'aurait certainement pu voir le jour il y a quelques années seulement. Mais, épaulé par les machines, le Français a pu se passer d'un orchestre de cinquante personnes sans pour autant faire l'impasse sur les envolées à cordes et renier sa passion pour John Barry. La recette tient dans une parfaite entente entre les instruments acoustiques et les éléments électroniques et repose sur des arrangements pertinents et soignés. Si bien qu'en définitive ces chansons aux rêves de grandeur s'accommodent d'un relatif manque de moyens qui leur confère même un charme humble et délicat, propre à l'artisanat. Sur "Déjà morts", les voix de Françoise et Patrice - mais qui sont-ils exactement ? - font des merveilles : un homme apprend à son épouse qu'ils ont, depuis longtemps déjà, rejoint le monde des morts. Le morceau s'achève sur un haletant suspense à peine désamorcé par la voix douce mais perverse de Bill Pritchard qui entonne "In the past" sur un air qui n'écarte en rien le danger. Peut-être le rétro-futuriste "From outer space" pourrait-il apporter un début de réponse, immersion dans un monde étrange où frayeur et fascination cohabitent allègrement. Des lutins dansent au son d'une guitare espagnole sur le délicieux et hypnotique "Models are not angels" avant de disparaître par des chemins dérobés, laissant l'auditeur seul et désarmé face à une nature hostile (im)matérialisée par des mélodies sinueuses. Ponctué par de courts instrumentaux à l'atmosphère inquiétante - Stereo-fiction part 1 & 2 - l'album propose encore quelques moments forts, à l'image de l'émouvant "silence" qui tire toute son intensité de sa dimension théâtrale, et s'achève sur des titres plus contemplatifs. Sa cohérence, ses ambiances feutrées et son élégance, font de "Stereo-fictions" une petite réussite, une agréable surprise à laquelle il est difficile de résister. |
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