Plus populaires que le Christ, les Beatles ont évidemment généré
des milliers de reprises de par le monde, et quelques centaines au seul
Royaume-Uni, par des groupes généralement peu connus pour lesquels la
reprise d'un titre universel apportait une notoriété passagère.
Le
label Strawberry propose "We can work it out", un coffret dédié à leur
période 1962-66 (le double rouge familier des Français), rassemblant quatre-vingt cinq reprises
enregistrées à cette même période.
Son originalité est de ne
pas se limiter à la Grande Bretagne, mais de s'élargir aux Etats-Unis,
l'Allemagne, l'Australie, les Pays-Bas et même... la France ! C'est bien
la première fois que des Anglais prennent en considération la
production française des sixties, la hype de ces dernières années autour de Gainsbourg et Hardy n'y étant probablement pas étrangère.
Toutes
ces reprises sont pour la plupart sans surprise, soit arrangées grande variété soit calibrées au même
format pop que les versions originales, parfois mimétiques, assignées
qu'elles étaient à un but commercial. A nos oreilles les noms de tous
ces petits groupes opérant alors sur la seule Angleterre sont
quasi inconnus (Kenny Lynch, Mike Redway, The Baconeers, The Kestrels,
Marilyn Powell, Jackie Lynton etc...), certains ont une petite
surface (Cilla Black, The Merseymen, The Crickets, Peter and Gordon,
P.J.Proby, Madeline Bell, The Fourmost...). Musicalement, quelques uns
sortent du lot, telle Jackie Trent funkisant "Got to get you into
my life" et une curiosité, la première vie au micro du producteur Glyn Johns (Eagles, Clapton, Humble Pie, Stones...), auteur de quelques singles entre 1962 et 67, dont cette reprise de "I'll follow the sun" (Pye Records 1965).
La part internationale est plus intéressante
lorsque des groupes reconnus reprennent les chansons "à leur sauce"
(Mamas & Papas, Jose Feliciano, Jan and Dean, The Ventures, The
Supremes...) ou se laissent carrément aller, tel le saxophoniste
américain Steve Marcus qui à ses débuts en 1968 prolonge à l'envie le
psychédélisme de "Tomorrow never knows". Un trésor caché à lui seul.
Concernant nos frenchies, la connaissance limitée du compilateur semble avoir confié leur sélection au seul hasard. Parfois il fait à peu près bien les choses - "Eleanor Rigby" d'Erick Saint Laurent, "Le temps est long"/"It won't be long" des Lionceaux - mais l'épouvantable "Laisse moi tenir ta main"/"I want to hold your hand" de Claude François fait tâche et Frank Alamo - "Je me bats pour gagner"/"A hard day's night" - bien agaçant. Alors qu'un Olivier Despax nous aurait bien honorés...
Les passionnés des Beatles ne passeront pas à côté. Un volume 2 est attendu
GLYN JOHNS I'll follow the sun (Audio seul 1965)
JACKIE TRENT Got to get you into my life (Audio seul 1967)
STEVE MARCUS Tomorrow never knows (Audio seul 1968)