The B-music of Jean Rollin 1968-1973

Compilation

par Cédric Antoine le 29/04/2018

Note: 7.5     
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Dans notre monde existent des fous, fans absolus de films de série Z et surtout de leurs BO, tellement fous qu'ils en créent des labels pour les publier. Ainsi Finders Keepers, spécialisé dans la réédition d'œuvres anciennes voire archaïques, perles oubliées de préférence méconnues.

Le cinéaste Jean Rollin, sorte de Ed Wood français, a commencé à tourner à la fin des années 60 une œuvre vampiro-érotique qui ne trouva jamais son public en France. Il finira par gagner sa vie en faisant du porno et du gore de série B à une époque d'avant carré blanc ou l'on pouvait encore voir cet "art" dans toutes les bonnes salles du pays.

Pour construire ses BO, Rollin a fait principalement appel à quatre musiciens : François Tusques, jazzman reconnu dans le microcosme (il a introduit le free jazz en France) et complice de Colette Magny, Pierre Raph, le futur documentariste Yvon Gérault et Acanthus, groupe énigmatique parfois appelé Unity, qui n'est présent que sur la BO de "Le frisson des vampires".

Toutes les compos, plus ou moins psychédéliques collent parfaitement au cinéma de genre. On passera volontiers sur les compos de Raph très filmesques, malgré un joli "Jade lake" et un intéressant "Jewel thieves" bien syncopé, pour s'arrêter plus particulièrement sur celles d'Acanthus qui produit un son assez floydien pré-explosion en vol de Syd Barret. Bien que plus édulcoré et moins travaillé on y décèle une vraie analogie dans "Le château" et quasiment dans tout le reste de leur production d'ailleurs.

Les compos de François Tusques collent très bien aux films, dans une ambiance cordes et contrebasse déjantées  très free-jazz des débuts. C'est à dire on barbouille et on expérimente en collant un réveil au milieu de Debussy dans "Golden panther". Du flou afin que l'auditeur se demande si tout ça est vraiment de la musique. Yvon Gérault quant à lui réussit à nous pondre une partita de Bach dans "Blue doll baroque" (logique), ainsi qu'une improbable perle avec "Skittles" qui en une minute trente vous fait basculer dans quatre univers différents.

Au final un album très fin 60's dans les sons, mais qui piquera la curiosité de bon nombre de mélomanes afin d'aller voir les (premiers) films du réalisateur maudit. Le contenu est homogène et remarquablement bon musicalement en plus d'être très proche de l'ambiance des films. Comme quoi on peut être maudit et avoir bon goût !

Une excellente trouvaille de Finders Keepers dont on attend avec impatience les futures productions.



YVON GERAULT Skittles & Quatre soeurs (1968 BO Le viol du vampire)