Presents...

Compilation

par Francois Branchon le 16/06/2007

Note: 9.0    

World Circuit, monté à Londres au milieu des années 80, est en peu de temps devenu l'un des labels de musiques du monde les plus reconnus et couronné de succès, démontrant que "artistique" peut rester prioritaire dans son binôme avec "économique".

Anne Hunt et Mary Farquharson avaient fondé Arts Worldwide, une petite structure qui faisait venir au Royaume-Uni des artistes lointains de renommée locale pour les faire connaître à un plus large public. Lors de ces concerts, beaucoup de spectateurs réclamaient des disques, mais de disques il n'y avait pas. C'est ainsi qu'est née l'idée d'un label, qui donnerait à cette musique "locale" l'opportunité de devenir "mondiale". Les premiers albums sont publiés en 1986, "La Tremenda" de la Vénézuélienne Maria Rodriguez et "Sounds of Sudan Volume 1" d'Abdel Gadir Salim. Le label décolle à l'arrivée de Nick Gold, étudiant en histoire africaine et grand collectionneur de disques. En 1987 il signe se première licence à Cuba, l'album "Fiesta Guajira" de Celina Gonzalez. Sur le disque et dans le groupe de la tournée, figurait le joueur de laoud Barbarito Torres, qui allait plus tard faire partie du Buena Vista Social Club.

A part sa production spécifique, World Circuit a aussi une politique de réédition, entamée avec des classiques colombiens, Joe Arroyo, Peregoyo Y Su combo Vacana, Lisandro Meza et la paire de compilations "Cumbia cumbia". A la même époque, le label réédite aussi "Pirates choices", le "classique pour île déserte" d'Orchestra Baobab, un groupe qui allait avoir un rôle déterminant dans l'histoire de la compagnie.

En 1987, Anne Hunt découvre au Mali Ali Farka Touré. Il accepte de venir en Europe, pour y donner ses premiers concerts hors d'Afrique et y enregistrer son premier album. On y entendait, sur un des morceaux, un passage de calebasse, par un personnage qui allait lui aussi entrer dans l'histoire, Toumani Diabaté. Tout en enregistrant son deuxième album "The river" (avec la participation des Chieftains) et en tournant dans l'Europe entière, Ali Farka Touré attire l'attention de World Circuit sur deux des plus brillantes chanteuses d'Afrique occidentale : Dimi Mint Abba et Oumou Sangaré.

Ali signera ensuite l'une des deux pierres blanches du label, l'album "Talking Timbuktu", issu de sa rencontre en 1993 avec Ry Cooder, premier gros succès commercial pour World Circuit. La deuxième est fichée aux Caraïbes, sur l'île de Cuba, avec l'incroyable concours de circonstances qui aboutit à la trilogie de La Havane "A toda Cuba le gusta" (des Afro-Cuban All Stars), "Introducing…Rubén González" et le "Buena Vista Social Club", trois albums qui lanceront la vague (la mania ?) cubaine à travers le monde entier, attirant la caméra de Wenders, un concept qui sera décliné sur tous les modes, chacun de tous ces (très vieux) musiciens subitement célèbres y allant de leur œuvre solo.

World Circuit n'a pas eu grand mal à sortir vingt-neuf titres de son histoire pour sceller ce bilan anniversaire en deux Cd, où l'on retrouve chacun ou presque des morceaux emblématiques des groupes de son catalogue, agrémenté de quelques titres live du Buena Vista, d'Ali Farka Toure et d'Ibrahim Ferrer.