| | | par Sophie Chambon le 28/02/2010
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| Voilà une compilation des plus
intéressantes à découvrir, sur le label d'Alan Douglas, qui met en
valeur, compilées par Douglas lui-même, ses réalisations au début
des années 60 quand il dirigeait la division jazz de United Artists.
Que le catalogue ait fini ensuite chez Blue Note est plus
anecdotique. Par contre, c'est le travail tout à fait remarquable de
ce producteur un peu fou mais génial, avec des musiciens aussi
divers que Kenny Dorham, Charles Mingus, Phil Woods, Herbie Mann…
Les musiciens que Douglas voulait enregistrer étaient sous
contrat avec d'autres labels qui pouvaient à l'époque les "prêter"
pour des enregistrements ponctuels. Alan Douglas réussit donc en
1962, année faste pour le jazz , la performance de graver des
prises formidables, en osant des rencontres inouïes : le
pianiste Bill Evans donne ainsi avec le guitariste Jim Hall, une
version d'anthologie de "My funny Valentine" que les
amateurs du thème doivent avoir absolument. Duke Ellington reprend
son éternel "Caravan" avec une rythmique d'enfer Charles
Mingus et Max Roach. Et cela change beaucoup l'allure de la caravane.
Le merveilleux arrangeur qu'était Oliver Nelson donne une belle
prise très musclée de "A taste of honey" (que reprirent
aussi les Beatles, plus mollement, dans leur premier disque) et nous
convie à un "Rendez vous" de rêve avec le sublime Phil
Woods à l'alto, Clark Terry à la trompette et Urbie Green au
trombone. Encouragé par Nicole Barclay (le label Barclay distribuait
en France ses productions) et à qui cette compilation est dédiée,
Douglas obtint les droits d'un concert inédit d'une Billie Holiday,
plutôt en forme, à Cologne en 1954, qui lance un "My man"
tout fait décomplexé et un joyeux "Them there eyes". En
fait, Alan Douglas, véritable "amateur" de jazz et
d'autres musiques (il produira Jimi Hendrix) savait aller chercher en
chacun des musiciens qu'il approchait la part mystérieuse,
inattendue. D'où une série de disques qui formèrent une collection
tout à fait originale : Coltrane joue un "Just friends"
épatant avec le pianiste Cecil Taylor et le grand Kenny Dorham à la
trompette ; le flûtiste Herbie Mann, très en bouche, livre un
"Brazil" époustouflant sous les assauts d'une rythmique
"caliente" Carlos (Potato) Valdès…
Ce sont
toujours ces standards aimés mais repris autrement, variations sur
des thèmes qui méritaient d‘être réécoutés aujourd'hui . Tout
est bon sur cet album qui ravira ceux qui aiment le jazz mais
étonnera aussi ceux qui ne savent pas bien ce que c'est. |
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