Le concert est
alléchant : imaginer une soirée passe-vinyles chez Brian Eno,
directement inspirée du jeu "Stratégies Obliques", le
très recherché jeu de cartes divinatoires - et concept en soi -
qu'Eno et Peter Schmidt avaient conçu en 1978 à partir des
principes régissant la création. A vrai dire il était parfois
rebutant de se confronter à des prédictions comme "supprime
les spécificités et remplace-les par des ambiguïtés",
"A-t-on besoin de trous?", "Accrétion"
ou "Questionne l'approche héroïque"...
Mais une
transposition en musique augurait de grands moments décalés voire
abscons et donc de belles découvertes musicales. Décliné en deux
volets, Wonky pop sur un Cd, Ambient genius sur
l'autre, la sélection déçoit, et attendant du génie on tombe de
haut. Car de musiques improbables, artistes inattendus, disques
surprenants, morceaux déroutants point, et on se retrouve en terrain
bien balisé, quand il ne s'agit pas simplement sur le premier Cd de
hits ultra-connus des 50's et 60's (Little Richard, Lafayettes,
Tokens, Bob B Soxx, Sam Cooke, Ernie K Doe, Johnny Cash ou... Glenn
Miller).
Certes dans "Ambient
genius" le deuxième volume Moondog apparait ainsi
qu'Ornette Coleman, John Cage, Gyorgy Ligeti, Marcel Duchamp (quel fil conducteur ici ?) et
quelques découvertes, Louis and Bebe Barron, Otto Luening, Thomas
Dissevelt, Henry Cowell, Harry Partch...
On aurait aimer
adorer cette double compilation, mais on ne comprend pas trop sa
conception disparate, et pourquoi des titres tous antérieurs à 1962
(nécessité de domaine public ?), et pourquoi surtout l'absence de
ceux qu'on aimait écouter lorsque s'annonçait une partie de
Stratégies Obliques, les Satie, Wim Mertens, Aksak Maboul, Samy
Birnbach, Pharoah Sanders, Tonto's Expanding Headband, Philip Glass,
Terry Riley...