BOF Downtonwn 81

Compilation

par Francois Branchon le 14/03/2001

Note: 8.0    

Downtonwn 81 est un film qui témoigne avec précision d'un New York d'avant la grande lessive du maire nettoyeur Rudolf Guiliani. Décadence de la fin des années Warhol, underground en ébullition et fantasmes à l'air libre. La bande-son est beaucoup plus qu'en phase avec le propos du film, elle EST le film, où toutes les étapes de la pérégrination de Jean-Michel Basquiat passent par l'expression musicale, la sienne ou celle des boites qu'il fréquente, du CBGB au Club Lounge, du Peppermint Lounge au Mudd Club. L'atmosphère musicale de cette époque est à la fois chaude et aiguisée, elle reflète les tourments qui agitent les musiciens new-yorkais, le passage du rock'n'roll trash (version CBGB, fin des Ramones, de Blondie, de Television - on aperçoit Elliott Murphy) au jazz-free-funk noir et blanc secoué et aux prémices de la world-music. Le disque s'écoute absolument après vision du film, on retrouve avec plaisir les pointures avant-gardistes du début des 80's, DNA et son guitariste halluciné Arto Lindsay, le très affuté et glamoureux scintillant James White, alias James chance (quelle veste verte !!), ses soli stridents et sa rythmique noire, son fétiche "Contort yourself", funk chauffé à blanc qui passait voici vingt ans pour acéré et abrupt, voire difficile, et qui sonne aujourd'hui bien rangé (l'eau a depuis coulé sous les ponts, notamment ceux de Minneapolis), la funky world de Kid Creole et ses Coconuts, avec les frasques de son chanteur Coati Mundi, Lydia Lunch... On pourra peut-être regretter la limitation de cette BO aux "grands" titres de l'époque, aux "tubes underground" (si l'on peut se permettre) du label ZE, quand elle aurait pu être une dernière occasion d'en faire revivre de plus obscurs, par exemple la fondante Cristina (produite par August Darnell, alias Kid Creole, également sur ZE Records) et sa fameuse reprise funk de "La poupée qui fait non" de Polnareff. Un vrai témoignage.