Songs of the plains

Colter Wall

par Jérôme Florio le 19/11/2018

Note: 7.0    

A l’écoute de ces chansons burinées, plus d’un sera surpris d’apprendre que Colter Wall a tout juste 23 ans. Rien dans la voix, dans la musique où la pochette ne trahit un soupçon de jeunesse. C’est tout d’abord la voix qui déstabilise : on ne parvient pas à faire la mise au point entre l’interprète et le son qu'il produit, comme pour John Fogerty à l’époque de Creedence Clearwater Revival. Chaude, vibrante, c’est l’arme maîtresse mise en valeur par le producteur country à succès Dave Cobb (pas bien vieux non plus). Entouré de musiciens rompus à tous les codes Nashvilliens, Wall déroule avec flegme et aisance une country-folk d’un parfait classicisme.
On pense à Fred Neil, Townes van Zandt, Merle Haggard ou Jimmie Rogers (pour une timide tentative de yodel)... Sans atteindre la densité blues pétrie d’humanité du premier, le sens du tragique du second, l’authenticité du troisième, et l’ivresse légère que procure l’écoute du dernier.
De la police de caractère aux moindres recoins de la photo, pas de trace du monde tel que nous le vivons ; pas d’Internet, pas de Twitter, pas de Uber, pas de Trump non plus… Juste l’éternité d’une mythologie rurale, des plaines zébrées par des routes poussiéreuses, des trains de marchandises sur lesquels des vagabonds créent et colportent, inlassablement, les racines de la musique populaire américaine, sous des cieux infinis. On se sent comme au cinéma, à la fois dedans et conscient de l'artifice. Wall fait écran... Libre à vous de croire au mirage.  




COLTER WALL Saskatchewan in 1881 (Live Radio Usa 2017)