| | | par Sophie Chambon le 18/02/2006
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| Il ne faut pas prendre ce disque trop à la légère. Malgré les apparences (un titre-invitation au voyage, une jaquette en forme de carte postale, un répertoire de standards divers et variés) Chris Cheek n'a pas pris cette session par-dessous la jambe. Embarquons donc pour cette croisière de charme, la "Blues cruise" dans le sillage d'une digne nostalgie avec un quatuor de qualité. A l'heure où la grippe aviaire nous menace en nous encerclant, on s'envole dès le premier titre sur les ailes d'un volatile porteur d'un onctueux son d'alto : incontournable, le majestueux Flamingo qui fit aussi les beaux jours du (très emphatique) crooner Herb Jeffries. Et le final mancinien "The sweetheart tree" est un hommage à tous les merveilleux instrumentistes d'antan.
Presqu'inconnu (ne pas confondre avec Chris Speed, à peine plus connu il est vrai) ce saxophoniste soprano-ténor-alto est somptueux dans les ballades de jadis comme dans ses propres compositions qui ne dérogent pas à l'harmonie de ce disque bienvenu. Une formation chic et choc, remuante, accompagne le saxophoniste puisqu'il s'agit du trio bien connu et toujours impeccable de Brad Mehldau. Que c'est bon de se laisser bercer par le deuxième thème "Low key lightly" du Duke ; si le pianiste est toujours capable d'infinies délicatesses de toucher et poursuit avec bonheur dans le fil de ses pulsions rythmiques, c'est avant tout l'instrumentiste Chris Cheek que l'on découvre dans le même temps, soliste généreux, puissant, soucieux de la mélodie et du rythme. Ecoutez son solo à l'ambiance lunaire dans "Song of India" et vous comprendrez comment on peut construire un thème avec un étonnant sens de l'envol : et puis c'est la "madeleine" du "Captain Troy et des Aventures dans les îles" que ce thème de Rimsky-Korsakov induit ! Il ne manque plus que Gilda-Rita glissant sur le parquet du "dance-floor" pour que notre bonheur soit complet.
Bravo donc au label défricheur catalan de Jordi Pujol "Fresh Sound New Talent" ondoyant et ouvert, qui ressort aussi des "oldies but goldies" tout à fait formidables comme ce "Russell Garcia and his four trombone band" dans la série Jazzcities où l'on réentend avec délice le tromboniste inspiré et ombrageux qu'était Frank Rosolino.
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