| | | par Sophie Chambon le 28/09/2002
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| Dans cette anthologie ECM de la collection :rarum, Chick Corea a choisi treize titres provenant de six albums de trois de ses groupes dont le mythique RTF (Return To Forever). Nostalgie oblige, il choisit de commencer avec cette suite de 1972 qui évoquait déjà un monde idéal "Sometime ago" et "La fiesta". Qu'on nous pardonne d'écouter encore avec quelque émotion ces plages, datées aujourd'hui, qui mettent en évidence le talent du flûtiste et saxophoniste soprano Joe Farrell, le percussionniste Airto Moreira transformé en batteur pour la circonstance, une Flora Purim, et l'enthousiasme contagieux de Corea au piano électrique, instrument qu'il avait adopté à l'époque pour faire sonner cette musique d'inspiration diverse, à la fois classique, jazz et brésilienne. Changement d'ambiance avec les délicats duos piano-vibraphone de la même année ou d'un live à Zurich en 1979 : on est sur un versant plus jazz avec le splendide "Desert air" choisi sur "Crystal silence", un des beaux albums de Chick avec le grand vibraphoniste Gary Burton. Mais la crème de la crème, reste tout de même le trio formé avec Roy Haynes et Miroslav Vitous dans certaines reprises de Monk "Rythm-ning" ou dans le final d'un live à Willisau en 1984 "Summer night" et "Night and day" : 14' 22 de plaisir ! Rythme intense, swing impressionnant, mélodies recherchées, jubilation du trio. Corea a une qualité rare : il laisse ses partenaires suffisamment libres, dans des échanges qui prennent alors tout leur sens. Il est un immense soliste mais il sait aussi être un accompagnateur de premier ordre. Constamment en recherche, il a changé de directions maintes fois dans sa vie et il faudrait plus que cette première compilation pour rendre compte de toutes les influences qui l'ont traversé et qu'il a su transcender. Un album très agréable à découvrir, concocté par ce musicien formidable. La carrière de Chick Corea est si fertile, que l'on attend avec impatience un nouvel opus : il faut en effet réentendre le soliste de "Children song" ou celui des "Piano Improvisations", le révolutionnaire créateur de l'ensemble Circle. Oui Corea est vraiment un chic type, rebelle si souvent qu'une véritable interrogation demeure : pourquoi s'est-il donc entiché de Ron Hubbard et de son "église" de Scientologie à laquelle il rend hommage sur la pochette ?? |
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