| | | par Francois Branchon le 24/02/2004
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| Après une parenthèse cinéma - le film "Ararat" d'Atom Egoyan - l'actualité d'Aznavour est de nouveau musicale, particulièrement en cette année 2004, celle de ses 80 balais. Aznavour va occuper le Palais des Congrès de Paris de la mi-avril à la fin mai (sponsorisé TF1, on va en bouffer !), enchaîner une tournée française...
Parallèlement sortent plusieurs DVD : concerts de 1994, de vieux Olympia, un karaoke (!) et celui-ci, enregistré sur la même scène du Palais des Congrès en 2000 et sous-titré du bientôt obsolète "dernier hommage à son public". Évidence : Charles Aznavour ne mégote pas, spectacle en deux parties de seize chansons chacune, il se donne, transpire, commence en chemise blanche et finit en noire, on en a pour son pognon (à 120 Euros la place au parterre c'est la moindre des choses).
Aznavour sait se mettre en avant et s'en donne tous les moyens : une scène gigantesque où il évolue seul, totalement à l'aise, une mise en scène minimale, en accessoires comme en lumières, et un orchestre de variété à l'ancienne (ambiance Paul Mauriat) soigneusement disposé derrière, ni trop loin ni trop proche, distillant une musique précise, soignée, veloutée, et totalement sans surprise. Sont là pour le soutien et l'habillage, rien d'autre, et ils sourient comme chez Sevran.
Aujourd'hui, le personnage est double. Il semble plus cool et a perdu cette arrogance insupportable qu'il affichait dans les années soixante, ce côté oui-je-suis-un-nabot-mais-j'ai-une-Rolls-et-je-vous-emmerde qui le rendait détestable, notamment aux jeunes (malgré ses efforts d'écrire pour Hallyday, Vartan ou la BO du film "Cherchez l'idole"). Mais en même temps, domicilié aujourd'hui en Suisse, Aznavour tient un discours particulièrement haïssable sur l'impôt et affiche un mépris souverain pour la répartition.
Musicalement, il étale une science de la voix, un art de placer les mots qui est un vrai modèle, une référence, une jouissance. Aznavour n'aligne pas les couplets, il se promène sur la musique, chevauche les temps (faut un orchestre costaud), se ba-lla-de. Une science et un art (que Brel et Ferré possédaient) qui le placent très au-dessus de tous les interprètes actuels, filles et garçons confondus, une leçon qui rend ridicules certaines reprises ("Comme ils disent" par Amygdale Fabian !).
Trente-six morceaux, tous les grands titres (sauf "Désormais" hélas...), des versions sobres, une petite faiblesse sur "Emmenez-moi" (les mots s'emmêlent un peu pour suivre le rapide débit original des couplets) et toujours cette mise en scène cliché sur "Comme ils disent", qui amalgame allègrement, fait de l'homo un type forcément efféminé voire un trav.
En bonus, le film "Dix petits nègres" d'après Agatha Christie, tourné en 1974 avec Stéphane Audran, Oliver Reed et Richard Attenborough. |
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