Le groupe Carolina Lee vient de Berlin, formé par la guitariste rythmique chanteuse et auteur-compositeur de tous les morceaux Nadja Carolina, entourée d'une bassiste (Leah Corper), d'un batteur (Lutz Oliver) et d'un guitariste soliste (Simon Grote).
Même si les guitares et la basse ne le sont pas, la tonalité générale est constamment acoustique. Enregistré en immersion campagne dans une ferme du nord de l'Allemagne, "It's still now" est même fortement bucolique. On y retrouve les souvenirs doux et monotones d'une Alela Diane, d'une Hope Sandoval ou du Velvet Underground période "Sunday morning" ou "Femme fatale", mais un Velvet sans sa composante vénéneuse sous-jacente, un Velvet végétal et bio en quelque sorte.
Sous la houlette du producteur Max Braun, les huit morceaux défilent dans une grande unité, enveloppant doucement façon brume matinale, ils sentent l'humus, le pétrichor tout juste réveillé par la rosée. Si on semble flotter du début à la fin, la batterie, sobre et métronomique et bien présente au premier plan, maintient dans la réalité, empêchant de glisser dans une trop grande abstraction.
Et on aime beaucoup le guitariste Simon Grote, tendant de fines tentures
à l'arrière plan, les laissant s'agiter avec la brise. Tout en ne se privant pas de délivrer de micro digressions, discrètement, osant parfois une brève dissonance. On a même cru retrouver dans "One more day" le cristallin d'un Lee Underwood (guitariste de Tim Buckley). Et sur le morceau "Seven", c'est encore lui qui construit une spirale ne cessant de monter et tourner, une tour de Babel infinie, aspirant finalement la voix de sa chanteuse, perdue dans l’écho.