| | | par Sophie Chambon le 05/02/2005
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| En hommage au velours de "Sophisticated lady", composition singulière de Duke Ellington, voici un album somptueux que nous propose dans sa nouvelle livraison la collection Ajmiseries. Trois de nos musiciens actifs sur la scène des musiques actuelles sont revenus aux premières amours de l'amateur de jazz, standards du répertoire particulièrement bien choisis qu'ils relisent avec élégance. "Osant la mélodie, ils développent une musique sensible, fragile et forte à la fois, chant d'amour profond
émouvante bande-son d'un film imaginaire dont la femme est reine", comme le souligne le directeur artistique Jean Paul Ricard, dans sa présentation, remarquable introduction à cet album original.
"Sophisticated ladies" enchaîne subtilement des mélodies ciselées, dédicaces aux dames, de l'"Ophelia" d'Art Pepper à la "Sweet Lorraine" d'Art Tatum (qui en fait évoquait dans l'esprit du pianiste la "région" lorraine, théâtre des opérations de sa guerre de 14-18) sans oublier les autres figures féminines qui ont pour prénom "Azalea" (Duke Ellington encore ), "Beatrice" (Sam Rivers), ou "Wendy" (Paul Desmond). Le trio accomplit un véritable tour de force, enlevé par le frémissant Jean Luc Cappozzo à la ductile trompette, le guitariste Rémi Charmasson choisissant le versant d'un jazz de charme en brossant des arrières-plans délicats mais nerveux, Jean Luc Ponthieux efficace et discret contrebassiste, subtil pilier du groove.
La trompette fragile, tendue, doucement fraîche et légèrement voilée, sur ce fond élégiaque, procure un bonheur poignant qui renvoie à ces coins secrets de notre mémoire qui gardent jalousement ces perles de la grande époque du jazz. Un disque de toute beauté. |
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