| | | par Martin Simon le 27/04/2004
| Morceaux qui Tuent C'est toujours le matin Tout va bien
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| Le Perpignanais Bruno Caliciuri, alias Cali, autrefois en bande (Indy, Tom Scarlett...) est pour la première fois en solo avec "L'amour parfait". Dès la première écoute, on est frappé par la facilité d'approche musicale. Soutenues par des tempos enthousiastes ("C'est quand le bonheur") ou imprégnées d'ambiances veloutées ("Pensons à l'avenir", "Tes désirs font désordre"), les mélodies sont accrocheuses et agréablement soignées. Arrangements délicats, accords simples et efficaces ("Elle m'a dit"), tout semble fait pour séduire. Puis on se penche sur les paroles, limpides, transparentes. On comprend vite que Cali ne parle que d'amour ; mais on comprend surtout qu'il fait partie d'une génération de chanteurs sans prétention, loin d'une recherche rhétorique si chère à d'autres et souvent fade.
Il en parle avec simplicité, franchise, intégrité. Et bien. Jouant de ses références littéraires ("Il y a une question"), regorgeant d'ingénieuses images non dissimulées, d'ironie bien placée et d'humour, Cali semble avoir saisi les principes de base de l'éloquence. On pense à Miossec, voire Bénabar dans la démarche (cuivres orageux sur "J'ai besoin d'amour").
Pourtant, derrière cet ensemble manifestement accessible, on devine un bonhomme sensible, rongé par une effusion d'émotions invincibles, en proie aux imbroglios amoureux. C'est en effet à cur ouvert que Cali se dévoile et parle simplement d'émotions complexes, n'hésitant pas à révéler ses propres craintes, déchirements sous forme anecdotique (le très beau "C'est toujours le matin", aux métaphores cruelles), ou autres questionnements sentimentaux. A une exception près - "Le grand jour", où le chanteur se fait misogyne éhonté , Cali ne semble en effet pas digérer toutes ses peines. Voilà sans doute le pourquoi d'une trame de fond plutôt enjouée. Pianos allègres, altos vivaces, syncopes rythmées : l'orchestre est de bonne humeur.
Difficile de déterminer s'il s'agit là du seul procédé pour réussir à chanter un désespoir, si Cali cherche à atténuer la peine ressentie ou s'il se plaît seulement dans l'effet de paradoxe. Mais le résultat est le même : savamment mis en uvre, le joli contraste agit bel et bien, on rit du chagrin et on se délecte d'autant plus de l'ironie des textes sombres.
Un paradoxe, jusque dans le titre de l'album : deux termes qu'on finirait par croire antinomiques, jusqu'au titre du même nom qui achève le disque. Finalement, il faut retenir de cet album un mélange confus de désespoir et d'espoir, de l'amour perfide qui rêve d'amour parfait.
Difficile également de définir pourquoi cet album est si attendrissant. Peut-être parce qu'on n'y sent aucune suffisance ni aigreur, qu'il transmet en profondeur, et qu'on s'identifie aisément. L'amour parfait est un album mur, réfléchi, simplement beau. |
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