Electronica | | 1990 | Album Original | Un CD EMI 2001 |
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| | | par Filipe Francisco Carreira le 07/11/2001
| Morceaux qui Tuent Don't argue Hypnotised
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| Formé en 1973 autour de Richard Kirk, Stephen Mallinder et Chris Watson, Cabaret Voltaire doit son nom génial au café qui à Zürich vit la naissance du mouvement dadaïste (portés par la vague contestataire liée à la Grande Guerre, Jean Arp, Tristan Tzara et quelques autres avaient lancé l'idée d'un art neuf, spontané et dérangeant, défiant tout ordre établi). Dès ses premiers enregistrements, réunis en 1975 sur une cassette tirée à vingt-cinq exemplaires (!) et faisant évidemment depuis l'objet d'un culte égal à sa rareté, le groupe de Sheffield épouse cette démarche et arrache du quotidien des sons dont l'association souligne la violence. S'il pose les bases de ce qu'on appelle aujourd'hui le rock industriel, son goût pour l'électronique le mène, au début des années 80, à la dance music. Réduit à deux unités après le départ de Watson, Cabaret Voltaire signe chez Virgin en 1982 pour l'album "The crackdown" et initie une épopée qui fait aujourd'hui l'objet de diverses rééditions : un coffret de trois disques, "Conform to deform" rassemble des raretés qui vont de 1982 à 1990 et "The original sound of Sheffield 83/87", indispensable collection de singles, prépare le terrain pour"Remixed" qui reprend les choses là où la première compilation les avait laissées : issu de l'album "Code" de 1987, "Don't argue" joue sur les paradoxes. Sur un rythme lourd mais dansant, qui cogne sec mais enivre cependant, des churs féminins chatoyants se mêlent au monologue d'un officier de l'US Army dressant ses troupes contre une Allemagne nazie peu commode. "Don't try to argue with them, you will not be friends", bien vu mon général ! La musique de Cabaret Voltaire est ainsi, elle recycle des voix avec détermination et insolence. Films, documentaires, annonces radio, meetings politiques... Les sources d'information se déclinent à l'infini et, tirés de leur contexte, les messages détournés, maltraités, malaxés, prennent un sens nouveau... Ou retrouvent simplement leur sens originel. Est-ce avec cet esprit satirique et subversif que nos deux héros comptaient infiltrer les dance-floors ? A l'instar de New Order, leur fascination pour le langage du corps n'a jamais autorisé le renoncement à l'intelligence. La comparaison avec les mancuniens se poursuit avec "Hypnotised", savant mélange de pop et de dance où rien n'est facile ni prévisible - non, tout y est jouissif et irrésistible ! Le 'Very strange mix' de "Easy life" plonge l'auditeur dans un univers hypnotique et tourbillonnant dont il s'extirpe à grand peine, au hasard de "Keep on" et son intro rappelant... "Pump up the jam" de Technotronic ! C'était ça ou tomber dans la paranoïa et l'incommunicabilité. "Keep on" refera une apparition en fin de disque, drapé dans de nouveaux atours - le 'Land of Oz mix' - et ne supportera plus la comparaison avec le tube lourdingue de 1989. Nul besoin de cela pourtant pour que grâce soit accordée à "Remixed" : s'il couvre une période restreinte de la vie de Cabaret Voltaire (1987 à 1990), cet album éclaire à sa façon, insuffisante mais convaincante, le parcours d'un groupe radical et intrigant, fébrile et passionnant. |
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