| | | par Christophe Nicolaïdis le 25/06/2000
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| D'une certaine manière, Bugge Wesseltoft est un jazzman romantique, on retrouve dans sa musique élan du coeur, mélancolie ou explosion sensorielle de l'amour. Comme ses confrères nordiques (Nils Petter Molvaer en tête) le pianiste est un chasseur d'émotion et joue avec le feu - rythmiques funk, drum & bass ou électroniques - comme la glace - nappes magiques et son de piano parfois profond -, proposant une couleur particulière pour chaque titre. "Album jazz de l'année" en Norvège (1996), "Sharing" est un agrégat de diverses influences, du jazz de Miles Davis aux percussions de Léon Parker, complété par un travail harmonique au piano rappelant celui de Herbie Hancock (hors période électro !). L'intérêt réside dans l'apport de Dj à l'élaboration de mixes gommeurs de frontières entre des sons réputés froids (machines) et des textures sonores plus nobles (guitare, trompette), ouvrant de nouvelles voies à la manière de l'approche acid jazz - le jazz doit pouvoir faire danser, émouvoir et surprendre - . Si cette "mission" n'est pas toujours atteinte (trop de linéarité parfois dans l'utilisation de rythmiques bouclées et manque de breaks), l'album de Bugge Wesseltoft trouve son style avec quelques pièces maîtresses : "All i wanted was to make you feel good" (entêtant accord de clavier), le groovy, éclectique et jubilatoire "Sharing" (excellent sampling de Olle Abstract se fondant dans les strates de l'orgue Hammond), "You might say" (osmose parfaite entre trip hop sentimental et voix fragile de Sisdel Endresen), l'étrange "Flimmer" (battement cardiaque perturbé sur fond de violoncelle) et le plus surprenant de tous, "Breen'n glue", revisitant "In a silent way" (chants quasi aquatiques de la trompette de Nils Petter Molvaer). L'édition limitée offre trois titres supplémentaires dont le très sautillant "G.u.b.n.u.f". Cette musique doit à coup sûr trouver son potentiel en concert. Bugge Wesseltoft : on t'attend de pied ferme ! |
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