| | | par Sophie Chambon le 30/09/2002
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| Brad Mehldau sait montrer une certaine sensibilité, et il donne exactement ce que l'esprit du temps demande : un mesclun de pop, de rock expérimental, de jazz de chambre et même d'électronique, puisqu'il quitte son piano traditionnel pour aller voir du côté des claviers trafiqués et arrangés ("Dropjes", "Free Willy", "Alvarado"). Tout le monde pourrait s'y retrouver, puisque Brad Mehldau flirte constamment entre binaire et ternaire et que cet album tranche résolument avec la série des "Art of the trio" où il faisait un peu la même chose, mais avec pas mal d'élégance. La reprise de titres des Beatles, "Dear prudence" en quartette, "Mother Nature'son" transformée en bizarrerie accouplée au "Wave" d'Antonio Carlos Jobim, confirme son goût pour d'autres univers (il avait déjà repris par le passé et sans grande réussite "Blackbird" de Lennon/McCartney). Visiblement Brad Mehldau apprécie aussi Radiohead car après "Exit music" (for a film ), c'est maintenant à "Paranoid android" qu'il s'attaque. Avec des mélodies simples, populaires, il peut arriver à insuffler une certaine musicalité. Mais une certaine complexité brouillonne se manifeste dans la conception de l'album et l'enchaînement des différentes plages. Auprès des fidèles Grenadier et Rossy s'agite un véritable orchestre de musiciens de la section des vents, des cuivres, des guitaristes travaillant sur des arrangements signés du producteur lui-même Jon Brion, et deux autres batteurs Jim Keltner et Matt Chamberlain, nettement plus basique dès le premier titre "When it rains". C'est dire à quel point ce disque amorce un changement. Évidemment "Largo" est le nom d'un club de jazz en Californie mais on pourrait dire aussi que le pianiste s'essaie à larguer quelques amarres. Comme s'il avait voulu prendre des risques. Si cet album franchit quelques frontières, et tente quelque chose de différent, l'ensemble reste souvent mal défini, et le résultat obligatoirement inégal. Et puis, que la pochette est vilaine ! |
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