| | | par Sophie Chambon le 01/02/2006
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| Comme beaucoup d'amateurs, certains "petits" labels n'ont jamais renoncé à faire de la résistance, découvrez donc au catalogue Emouvance une formation particulièrement en verve, au sein de laquelle se distinguent deux saxophonistes (Joe McPhee et Daunik Lazro) prompts à réveiller à la fois Albert Ayler et Eric Dolphy, un contrebassiste discrètement efficace, au tempo souple et sûr (Claude Tchamitchian) et un guitariste doué, Raymond Boni aux irisations subtiles qui réussit à faire le lien et à donner du sens.
Le potentiel musical des diverses formations que "Next to you" donne à entendre (six duos très rapprochés ou en opposition qui se fondent en un quartet) force sa voie entre lyrisme déployé, pointillisme des traits et des sons, suspensions, ruptures, apaisements : ces quatre irréductibles s'ouvrent un passage à vif, entre intelligence et sensualité sous le signe de l'écoute, de l'échange. Nous aimons à partager les retrouvailles fréquentes, aussi jubilatoires que stimulantes entre le sudiste Raymond Boni et l'Américain Joe Mc Phee. Nous les suivons sans l'ombre d'une hésitation, en tous cas quand ces deux là s'affichent ensemble, en compagnie de Claude Tchamitchian, comparse idéal et de Daunik Lazro, fidèle du label, radical et spontané, aux envolées souvent plus amères que douces, mais au fond désespérément tendres. La musique de ces quatre "hors la loi", libre et enracinée à la fois, emprunte des chemins escarpés qui devraient un jour les conduire à bon port, tant ils projettent avec conviction du son et un message qui ne perd jamais de vue l'actualité.
Enregistrée non sans âpreté parfois - des sons d'alto incisifs et tendus, un sens aigu des climats - leur performance est superbe de bout en bout, vibrante, énergique, sans la moindre compromission, on s'en doute. Le tranchant de Lazro ou Mc Phee, non moins que leurs sonorités diverses, tour à tour rauque et tendre nous rappellent au souvenir d'années de lutte et d'effervescence. Le combat se prolonge aujourd'hui, mais c'est un autre débat. Encore que
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