| | | par Francois Branchon le 04/05/2003
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| Mine de rien, lorsqu'en 1968 Mike Bloomfield et Al Kooper (artisans de l'électrification de Dylan) et Stephen Stills (en rupture de Buffalo Springfield) se retrouvent pour ce "Super session", le premier "super groupe" est né, même si l'histoire dira que Stills et Bloomfield ne firent qu'alterner, sans jamais jouer ensemble. La formule allait faire des petits, le suivant immédiat étant le combo que le même Stills montera avec Crosby et Nash.
"Super session" est un petit chef d'oeuvre auquel il est juste d'associer le bassiste Harvey Brooks (futur Canned Heat), Eddie Hoh le batteur et le pianiste Barry Goldberg. Car il s'agit là d'une jam (d'une seule nuit !) entre musiciens de rock amoureux de blues , dont Al Kooper est le maître d'oeuvre, au chant, à la guitare et bien sûr aux claviers. Une session d'un trait, mais terriblement variée. Les compositions signées du duo Kooper-Bloomfield sont un régal pour les amoureux de guitare : l'excellent "Albert's shuffle", "His holy modal majesty" et "Really" sont des blues électriques pétris de sérénité, de solos quasi continus tout en pleins et déliés d'un Bloomfield soutenus par un orgue Hammond B3 dont Kooper explore tous les secrets.
Les reprises puisent chez Curtis Mayfield ("Man's temptation" chanté, avec ses cuivres luxuriants), Mort Shuman ("Stop"), le vieux titre de William Cobb écrit pour les Standells "You don't love me", traité pop avec un phasing invraisemblable sur la guitare, la batterie et le chant, et "It takes a lot to laugh, it takes a train to cry" de Dylan (terrain connu pour Kooper, guitariste de l'album "Highway 61"), ici transfiguré en morceau enjoué au tempo rapide. Mais un moment de bravoure plane au-dessus de Los Angeles cette nuit-là, "Season of the witch" ! En 1968, Donovan est depuis quelques mois la coqueluche des acid-freaks californiens, il est régulièrement à l'affiche du Fillmore West de San Francisco, Jefferson Airplane reprend sur scène son "Fat angel" (album "Bless its pointed little head"). C'est donc tout naturellement que Kooper et Stills lui empruntent son morceau héroïque fantaisie, le mutant en ode qui n'en finit pas de s'élever vers les contrées les plus folles... Le disque lui aussi grimpa si haut dans les charts américains (No11) que Kooper et Bloomfield remirent le couvert l'année suivante et lui donnèrent un petit frère, le double album des "Further adventures". Mais ceci est comme on dit une autre histoire...
nb : cette nouvelle réédition remastérisée rétablit la profondeur du son et offre quatre bonus, une chute de la session studio ("Blues for nothing"), un titre live de 1968 ("Fat grey cloud") qui annonce la publication d'un concert inédit et deux versions remixées pour l'occasion, des versions beaucoup plus denses, cossues, avec cuivres et guitares moins en avant de "Albert's shuffle" et "Season of the witch". |
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