| | | par Hugo Catherine le 24/05/2006
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| "Rückwärts backwards" est un album aux sonorités recherchées mais facile d'accès. Il faut fermer les yeux, se laisser prendre, quelque part entre Four Tet, Sutekh, Mercury Rev et Steve Reich.
Black to Comm, artiste fondateur du label Dekorder, part ici souvent des bruits de la nature pour construire son environnement sonore personnel. "Rückwärts backwards" s'ouvre avec "Bees", composé de buzzs d'abeilles, de bourdonnements de voix et de cui-cuis aviaires. Cette entrée en matière étrange met en boucle la nature en guise d'arrière-fond musical. Black to Comm fait ainsi des sons naturels une musique : nous redécouvrons dans un contexte nouveau le bruit délicat de la pluie sur le sol, les piaillements d'oiseaux, les tourbillons des voix enfantines.
Mais, attention, ce disque n'incite pas à la niaiserie contemplative mais bien plutôt au réveil électronique des sens. La spatialisation des sons est parfaite. Voici une electronica pointilliste, très subtile, évocatrice. Il existe même une adéquation audible entre les titres des morceaux et les atmosphères rendues, comme sur "Lévitation". Véritable succession de rêves éveillés, les plages de l'album agissent telles des somnolences : nous nous réveillons à demi, adoucis et groggy. Les trois titres les plus longs, "Rückwärts backwards", "El huis pt.1" et "Es gibt kein Morgen" sont autant d'hypnoses emplies de micro-variations incessantes. "Rückwärts backwards" pourrait même être assimilé à un Etna sonore vu du ciel, ou à une publicité Air France en mode psyché.
D'une délicatesse fourmillante, la lave sonore de Black to Comm repose sur une combinaison d'accroches mélodiques, se déployant, soyeuses, retenues, mesurées. Face à la fainéantise musicale de certains albums de musique électronique, la fraîcheur des créations de Black to Comm est remarquable. Grâce à une électronica lente, pleine et minimaliste à la fois, "Ruckwärts backwards" crée, en un rien de temps, un songe persistant.
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