Out of season

Beth Gibbons

par Xavier Georges le 06/10/2003

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Mysteries
Show
Romance
Funny times of year


Dans le courant des années 90, le monde s'est tourné vers Bristol, cité d'Angleterre où est né et a vécu un style qu'on a appelé trip-hop, dont les représentants les plus dignes furent Massive Attack, Tricky et Portishead. Deux de ces formations ont franchi les années 2000 en l'accomodant à différentes sauces sans vraiment convaincre. Beth Gibbons ex-chanteuse de Portishead a quant à elle radicalement tourné la page, encore qu'une oreille attentive pouvait déceler sur les albums de son groupe de sérieuses incartades jazzy ou bluesy. Sur ce premier album solo "Out of season", réalisé en compagnie de l'ex-bassiste de Talk Talk Paul Webb - alias Rustin Man - il n'y a plus de doute possible, Beth EST une chanteuse de blues. Au placard les ordinateurs et les beats synthétiques, ce ne sont plus que pianos, harmonicas, cordes et bois qui peuplent des compositions habitées par la grâce. L'album commence par une une longue minute d'un léger souffle de vent d'automne... et l'attention ainsi captée, la magie peut s'installer : c'est "Mysteries" qui ouvre le bal avec six cordes acoustiques, un chœur éthéré et la voix magistralement posée. Jamais on n'avait remarqué à quelle point cette voix est belle et malléable, tantôt crooneuse, "Show" ou "Resolve", tantôt aérienne, "Drake" ou "Sand river", voire emphatique, "Tom the model". On est en droit de penser à quelques icônes du blues, Billie Holiday n'est jamais loin. On croirait la voir sur "Romance". Beth aurait-elle fouillé dans les coffres secrets de ses aïeux ? Cette musique si intemporelle ressemble à la bande son d'un vieux film des années 40 où il serait question d'amours contrariées, "Tom the model", "Resolve", de regrets et de mélancolie, "Spider monkey", le tout sous les couleurs de l'automne, "Sand river", "Funny time of years". C'est donc bien "hors-saison" et même hors du temps que se situe cet album, qui pourrait se laisser jouer en boucle tous les prochains automnes, à regarder les feuilles jaunies des arbres, brûlées de soleil.