"Unidentified
musical subject" est étrange. Au premier coup de gong, nous
entrons dans un univers non identifié. Bernhard Loibner propose des
passerelles inclassables entre musique électronique, rock et musique
expérimentale. L'album donne l'impression d'être en mouvement
permanent, ne se fixe jamais, sans cesse, est ponctué de
micro-événements. Sans nous en apercevoir, nous passons du collage
électroacoustique abstrait à la ritournelle rock. L'étrangeté de
l'album crée une forme de tension, parfois un peu plus encore.
L'orage couve, l'horreur rode. Les sons de basse se font sombres et
gras. Le noise-douleur prend le pas sur la musique plaisir. Une
hypnose aveuglante s'impose à nous. Sur "Poem", une voix
nous inquiète, nous fait peur, le poème tourne au cauchemar.
"Unidentified
musical subject" est avant tout un travail raffiné sur la
matière sonore, mélangeant subtilement les bizarreries
électroniques et les quasi-incursions de jazz, les pulsations
bancales et les grincements non identifiables. Bernhard Loibner crée
une musique en crise. Et il faut parfois savoir souffrir pour entrer
en résonnance avec ses objets sonores.