| | | par Martin Dekeyser le 16/05/2001
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| Après huit ans de carrière ("Glory & consequence"), Ben Harper nous offre enfin un double live mi-électrique mi-acoustique, ma préférence lorgnant clairement vers ce dernier. Accompagné de ses paradoxaux "innocents criminels", son folk-blues austère ne se dévoile pleinement que dans la spontanéité de ces moments volés ("Waiting on an angel", "Walk away"). Ni virtuose ni posée, sa voix oscille entre l'étouffement et le cri. Adepte du slide, il accorde guitare et voix qui, unies, laissent échapper une plainte à vif. Sa sensibilité est mise à nu. Le "Dylan black" s'étend sur sa prose politisée, son talent se situe près du coeur et des tripes. Le petit Ben n'oublie pas son héritage, nous gratifiant de trois reprises : le sensuel "Sexual healing" (Marvin Gaye), la hard-puissance du "Whole lotta love" de Led Zeppelin et la brit-ballade "The drugs don't work" (The Verve). Loin de toute idolâtrie d'un âge révolu, il a choisi la forme d'expression appropriée au message qu'il voulait tantôt nous crier tantôt nous chuchoter à l'oreille : un mélange de folk et de blues, autant dire une musique réac en 2001. Et pourtant, à l'heure où la culture rock a plus ou moins disparue et ses idéaux jetés au bac, ce jeune métis fait figure de prophète en prônant un retour aux sources. Car l'homme vit dans un présent accablé par un lourd héritage et non dans une idéologie futurologue qui nie ses racines. A l'heure de la surproduction et de la rentabilité, la musique s'est vidée de tout message. Il nous rappelle un temps où le songwriting fut contestataire et oeuvre d'orfèvres, une époque qu'on nous annonce révolue ("Welcome to the cruel world"). Bienvenue dans la résistance ! |
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