Aux oreilles des seuls fouineurs
pointus des pionniers de la musique électronique pop (on laisse ici
de côté Stockhausen, Pierre Henry, Terry Riley ou Philip Glass),
les noms de Paul Beaver et Bernie Krause sonnent familiers, qu'ils
rangent aux côtés de White Noise, Lothar & The Hand People, The
United States Of America, Silver Apples, Mort Garson, Ron Geesin ou
le Français Jean-Jacques Perrey.
Paul Beaver (musicien de jazz) &
Bernie Krause (ancien manager des Weavers de Pete Seeger et
producteur chez Elektra) étaient des amis de Robert Moog,
l'inventeur du synthétiseur, qui leur confia la charge de le vendre
aux musiciens de la Côte Ouest des Usa (George Harrison, Franck
Zappa, Stevie Wonder furent leurs premiers clients). A une période bénie d'explosion pop
où tout pouvait marcher, Paul Beaver et Bernie Krause ne s'en
privent pas, s'amusent à impressionner avec leur Moog, produisant
une musique d'effets et de bidouillages, petites bandes sons de films
imaginaires. Après un premier album chez Nonesuch ("The
Nonesuch guide to electronic music" 1969), ils sont signés par
la maison-mère Warner qui publie trois albums à la suite, "In
a wild sanctuary" (1970), "Gandharva" (1971) et "All
good men" (1972), tous
trois réunis sur cette réédition Righteous.
Les premier et troisième albums sont
les parfaites illustrations du merveilleux allié à l'étrange qui
pouvait émaner de la musique électronique alors en balbutiements.Le deuxième, "Gandharva",
est plus inattendu : sa longue suite de face B, d'inspiration
hindouiste, est enregistrée à la cathédrale Grace de San
Francisco, avec Paul Beaver au Grand Orgue et des interventions de
cuivres - Gerry Mulligan et Bud Shank - et de guitares électriques -
Michael Bloomfield (excellent "Saga of the blue beaver") et Ronnie Montrose -, pendant que le Moog de
Bernie Krause se fait très discret en arrière-plan. Tout ceci sonne aujourd'hui
terriblement daté mais comme une fascinante collection de pépites
venues d'ailleurs.
© Moog Inc - Bernie Krause