The king of nothing Hill

Barry Adamson

par Jean-Louis Schell le 08/10/2002

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Cinematic soul
Black amour
That fool was me


Que sait-on, finalement de Barry Adamson ? Pas grand grand chose, surtout ici en France. Après avoir traîné ses bottes avec Magazine et les Bad Seeds de Nick Cave, l’homme s’est singularisé en sortant des musiques de films ("Lost highway" ou l’indispensable "Gas, food, lodging") qui ressemblent à des albums et vice-versa ("The mulky world of Barry Adamson", "The negro inside me"). Cette fois encore, "King of nothing hill" ne déparerait pas en bande son d’un road movie bancal. Semblant fasciné par la narration et les ambiances (on pourrait presque taxer certaines de ses œuvrettes de figuratives), Adamson privilégie l'atmosphère à tout crin, au prix parfois d’une lourdeur dans ses évocations : la cover ampoulée par exemple du "Matin des noire" d’Archi Shepp flaire bon son alibi culturel ("Oui, je sais, j’ai été punk et je reste noir, mais cultivé tout de même… "). Pour le reste, l’homme livre un bon album comme il a coutume de le faire. D’entrée de jeu, "Cinematic soul" et "Whispering streets" mettront tout le monde d’accord. Les chansons sont travaillées jusqu’à la dernière expression de la chose, Adamson semblant depuis plusieurs albums explorer les pistes qui mènent à la jonction entre Lalo Schifrin (pour les orchestrations) et Nick Drake (pour le côté sombre), se retrouvant finalement en un genre de "Van Dyke Parks easy-listening", dont certains pourraient prendre de la graine. Et la formule fonctionne. Il a compris, à l’instar d’un Phil Spector il y a 35 ans, qu’il était superfétatoire de s’étendre sur le sujet, et qu’une symphonie (une "rock and roll symphony" comme dirait le Phil) doit s’accommoder d’un format chanson de quelques minutes, sous peine de se délayer et de perdre son intensité. Alors, si les violons ou l’orgue semblent délavés ("Black amour") et les rythmiques funky plutôt cheap ("Cinematic soul"), Barry Adamson, n'oubliant jamais le rocker qu'il fut, atteint une cohésion rare dans un domaine aussi ambitieux. Même si au bout de quelques écoutes certains procédés finissent par se laisser deviner (après 3 mesures de "When darkness calls", on s’attend à voir Boris Karloff passer la tête hors des enceintes…) on a entre les mains un disque de passionné, qui malgré tout le travail supposé n'est jamais prétentieux. Il ne manque que le film pour mettre en valeur une telle musique. PS : mention spéciale pour le titre, très joli jeu de mots. http://www.mute.com/mute/adamson/adamson.htm