| | | par Remi Samier le 17/12/2001
| Morceaux qui Tuent Baboon's blood
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| La discographie d'Art Zoyd, groupe de Maubeuge formé en 1969, est très longue. Ils ont participé entre autres à la musique d'un ballet de Roland Petit, à la création de musique de films muets, "Nosferatu" et "Faust" de F.W. Murnau et plus récemment "Höxan" de Christiansen. Voilà qui annonce bien la couleur... Sorcières, vampires, atmosphères glauques et malsaines... Mais si de tous ces disques, il ne fallait en retenir qu'un seul, ce serait "Berlin"... Bien que sorti en 1987, il n'a pas pris une ride, et reste même très avant-gardiste par l'utilisation audacieuse des sonorités de l'échantillonneur. Mais une question demeure : pourquoi avoir appelé "Berlin", un disque dont les textes sont tirés du "Macbeth" de Shakespeare ? Il y a là une référence explicite, un hommage à l'Expressionnisme Allemand. S'il fallait donc qualifier la musique d'Art Zoyd, on la dirait avant tout expressionniste, comme le "Cri" de Munch, les textes de Benn, de Stramm ou de Trackl. Elle s'adresse à ce qu'il y a de plus profond en vous, vos réminiscences, votre culpabilité, vos fantasmes refoulés... C'est une musique à l'atmosphère lourde et pesante, qui vous submerge, vous engouffre dans les flots des humaines passions. En cela, elle rejoint merveilleusement le "Macbeth" de Shakespeare. La diversité et la maîtrise des instruments utilisés, tantôt classiques, tantôt modernes sont impressionnantes pour ce groupe 'quadricéphalique' : Patricia Dallo (pianos, claviers), Gérard Hourbette (violon alto, violon, pianos, claviers, percussion), André Mergenthaler (violoncelle, sax alto, chant grave) et Thierry Zaboitzeff (violoncelle, basse électrique, chant, claviers, électroacoustique, percussion). Cependant les compositions s'articulent toujours autour de Messieurs Hourbette et Zaboitzeff, têtes pensantes d'Art Zoyd à l'imaginaire sombre et foisonnant. Cet obscur onirisme s'exprime par une musique excellant dans l'art des surprises, des contrastes. On passe d'une accélération violente à d'insoutenables palpitations à une mélancolique apathie. C'est une forme d'harmonie discordante et désordonnée de bruits et de souffrances instrumentales : quelques notes de piano glaçantes, un orgue étouffant, des cris stridents et lancinants de saxophone, des mélodies viscérales, des chants gutturaux, des souffles rauques, tel est donc le "Berlin" d'Art Zoyd, un disque indispensable dans l'univers de tout esthète décadent. Les morceaux qui tuent : tous !!! Mais mon préféré est "Baboon's blood", voici une partie des paroles, en avant-goût : 'Double, double toil and trouble / Fire burn and cauldron bubble / Cool it with a baboon's blood / Then the charm is firm and good / By the pricking of my thumbs / Something wicked this way comes! / Open, locks / Whoever knocks! / Open, locks / Whoever knocks !' |
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