| | | par Yves Canevet le 22/04/2003
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| Même s'il flirte sans cesse avec la ligne jaune, celle du mauvais goût et de la soupe variétoche, Bertrand Burgalat reste l'une des meilleures gâchettes pop du moment. La preuve avec ce "Triggers" dApril March, où l'ombre de l'homme qui maudit les vêtements de sport rôde sans cesse. Quatre titres brillent de mille feux dans l'écrin violacé du deuxième album de Miss Blake chez Tricatel : "Somewhere up above" a le tranchant d'un single idéal. Totalement addictif, il s'empare de vous en trois temps: intro de claviers en douceur, voix aérienne, puis intervention divine des guitares électriques. Cette histoire d'accident de voiture envoie au paradis, parce que "somewhere up above, someone is planning". "Coral bracelet" ensorcelle grâce à un refrain accrocheur couleur mandoline qui me fait immanquablement penser au générique de la série "Le club des cinq". Fraîcheur, candeur et couleurs aussi vives qu'un bracelet de corail. Amplifiez les basses et vous danserez. "The life of the party" mêle français et anglais dans une évocation distanciée de la vie de dandy noctambule. Qu'on me donne l'adresse de la "Cloche d'or", cet endroit "full of noisy gens qui sortent" ! Avec ses flopées de violons, tellement mêlés aux claviers qu'ils semblent synthétiques, "Le cur hypothéqué" est un morceau indispensable, à présenter d'urgence au rayon "vie moderne" de votre pharmacie de quartier, entre capotes et patches nicotiniques. L'ombre de mille faux plane aussi sur ce disque faussement enjoué : on s'ennuie sec à la campagne ("Le code rural"), la solitude guette ("There is always madness"), le bonheur est un leurre ("Que le soleil soit maudit"). La conclusion ("Necropolis") est un brin morbide, et l'humeur ambiante est moins à faire des ufs carrés grâce à Pif Gadget qu'à brosser le portrait d'un monde aride et froid, où les sentiments sont rares comme l'oxygène dans la stratosphère. Moins typé sixties que son prédécesseur "Chrominance decoder", plus sombre et plus personnel, bien produit, "Triggers" est un disque inégal mais très attachant. En plus, April March n'a même pas les cheveux gras... |
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