London weekend

Another Sunny Day

par Emmanuel Durocher le 07/10/2009

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
I'm in love with a girl who doesn't know I exist
You Should All Be Murdered


Dans le "Manuel du rock expliqué aux tous-petits", Another Sunny Day figure en tête du chapitre "Groupes en ayant gros sur la patate et faisant par conséquence des chansons tristes". Mené par le Cornouaillais Harvey Williams, le groupe - qui aurait très bien pu s'appeler Happy When it Rains ou Alone With Myself - faisait partie des formations phares de l'écurie Sarah Records, un label de Bristol concentrant toute la tristesse de la jeunesse britannique et où l'on retrouvait les joyeux drilles The Field Mice, les boute-en-train Brighter ou encore les gais lurons Blueboy.

Another Sunny Day est souvent présenté comme l'archétype du groupe chialard tête à claques noyé dans les larmes de l'auto-apitoiement avec des préoccupations proches de celles d'un élève de troisième, comme le résument bien les titres de leurs chansons : "I'm in love with a girl who doesn't know I exist", "What's happened to you, my dearest friend ?"... Mais ils évitent les écueils du genre avec dignité grâce à un élément au dessus de toute considération : ils savent les écrire ces chansons !
Leur univers, aussi mélodique que mélancolique, est très proche d'une certaine idée très anglaise de la tristesse où le chanteur tente de tutoyer Nick Drake, Viny Reilly ou John Cunnigham. Les guitares jingle-jangle - caractéristiques du son twee pop de l'époque - sont souvent pinçotées et parfois labourées pendant que les voix se croisent dans une étreinte impossible, il règne sur "London Weekend" un souffle ambigu qui le fait naviguer entre sensibilité (beaucoup) et sensiblerie (un peu), entre une version pré-pubère des Smiths (en particulier sur l'excellent "You should all be murdered") et une parodie des Pale Fountains.

On l'aura compris, "London weekend" n'est pas l'album idéal pour faire la fête mais un disque de solitaires s'adressant aux solitaires, idéal pour les longues soirées d'automne quand on vient de se faire larguer.

NB : Cette réédition de l'unique album d'ASD s'accompagne de six titres supplémentaires ne présentant guère d'intérêt, quelques erreurs de jeunesse et des versions alternatives brouillonnes et dispensables.


ANOTHER SUNNY DAY You should all be murdered (défilement sonore)