Andrew Bird annonce des "Inside problems" : des soucis intimes ? internes – de ceux qui tiennent éveillés au milieu de la nuit ? Pourtant, ce treizième disque développe une musique de plus en plus ouverte, relaxée, tournée vers l’extérieur.
Les compositions d’Andrew Bird, que l’on sait magnifique et attachant musicien depuis "Weather systems" (2002), gagnent en immédiateté grâce à un jeu resserré avec trois complices, capables aussi d’assurer les choeurs : Alan Hampton (basse), Abe Rounds (batterie) et Mike Viola (guitares et production). On retrouve aussi le banjo de Jimbo Mathus, avec lequel Bird a co-écrit et enregistré en duo un disque de revival folk en 2021, "These 13".
Bien sûr, on retrouve tous les marqueurs du style Bird : son violon souvent joué en pinçant les cordes (pizzicato), ses sifflotements, ses techniques de loop (auto-enregistrement)… Ils sont subtilement fondus dans un flou artistique entre folk, country, et rock, qui exprime une grande singularité.
On ne se pose pas ces questions d’étiquetage : la musique semble couler naturellement, Andrew Bird infléchissant son cours vers des ambiances plus urbaines qu’à l’ordinaire ("Lone Didion", "Stop n’ shop", la très réussie et Velvetienne "The night before your birthday"), du country-folk suranné ("Faithless ghost")… "Eight" et le swing chaloupé d’"Atomized" se laissent porter par une humeur détendue – une fausse insouciance à la Jonathan Richman ("Stop n’ shop"). Quand au titre "Inside problems", c’est un parfait exemple de montée en tension, servi par le choix général d’enregistrer en prise directe (à l’exception des chœurs de Madison Cunningham).
Musicien et compositeur atypique qui sait et aime s’entourer, Andrew Bird continue à nous faire profiter de sa musique à la fois savante et d’une rare légèreté de trait : quoi de plus précieux ?
