Disaster

Amon Düül

par Francois Branchon le 08/02/2004

Note: 8.0    

Amon Düül, de Amon-Rê (Dieu égyptien du soleil) et Düül (Dieu turc de la musique) ou le cosmique aux forceps.

"Disaster" est la troisième et dernière trace d'Amon Düül, collectif allemand expérimental qui éclate en vol en 1969, pour renaître très vite en Amon Düül 1 (pas de trace discographique) et Amon Düül 2, groupe plus structuré qui va rayonner dans l'Europe entière au cours des années 70 et publier un grand nombre d'albums.

"Disaster" est à remettre dans le contexte musical et politique de l'époque. Le rock "européen", au sens anglais c'est à dire provenant de créatures humaines vivant hors de la grande Angleterre, se crée son début d'identité et Amon Düül, en communauté artistique/tête chercheuse de 1968, pratique avec engouement le "political art" ("chacun peut créer") et jette en vrac, au cours de jams où la recherche d'harmonie n'est pas le premier des soucis, les bases d'un rock qu'on pourrait aujourd'hui qualifier "d'industriel".

Une de ces grandes jams de 1968 a fourni la matière de leurs trois albums, "Psychedelic underground" et "Collapsing" (publiés par Metronome en 1969) et ce "Disaster", double vinyle paru en 1971 et inaugurant le label de rock allemand BASF (et oui, la Badische Anilin und Soda Fabrik produisait de la musique, comme si en France Rhône-Poulenc avait eu son label !).

Sur scène ou à mieux dire, dans les "endroits" ou ils se produisaient, des manifs, des festivals, des happenings de rues (j'eu la chance de "jouer" ainsi avec eux dans une cave pendant le Festival d'Avignon en 1971), Amon Düül générait un magnétisme hypnotique que le disque parvient par moments à restituer.

Le disque ! Catalogué comme un des albums de rock allemand les moins écoutables, il est au contraire à prendre par son côté "je fonce et on verra bien". Emmené par ses deux têtes pensantes Peter et Ulrich Leopold, Amon Düül y développe de longues séquences répétitives, robotiques, mal jouées, bancales, aux rythmes fluctuents et incertains, mais parvient à installer - par moments mais avec force - le climat de transe qu'il recherche. Sans trop de casse, il est passé, le désastre est attachant.

Cet album fut réédité en vinyle en 1981 par le label allemand Rockotopus (avec une pochette différente assez vilaine) et à présent en Cd par les japonais de Captain Trip.