| | | par Frédéric Joussemet le 29/12/2000
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| Le deuxième album du duo norvégien Alog surprendra son monde, les non initiés certainement, mais les adeptes aussi, sans jamais décevoir. La formule est la même, deux multi instrumentistes enregistrent des sons et des mélodies, en empruntent d'autres, et retraitent le tout. Espen Sommer Eide uvre derrière son ordinateur portable et Dag-Are Haugan manipule ses mastodontes analogiques, tous deux traitant leurs propres créations et les samples sur un pied d'égalité. La musique en ressort chaude et émotionnelle, car au lieu d'être aseptisée, leur électronique est organique, vivante à force de se mouvoir sans cesse. Le grand apport de "Duck-rabbit" par rapport à "Red shift swing" le premier album est l'émergence de rythmiques plus présentes, sous la forme d'une boîte à rythmes antédiluvienne. Il faut de suite écarter l'idée de cadences technoïdes lambda, Alog ne va pas vers la facilité : lorsque le rythme est présent, c'est justement pour faire perdre le tempo. Les spasmes binaires fracturent la quiétude émotionnelle, apportent un nouveau clivage à la musique. Car le reste n'a pas réellement changé par rapport à "Red shift swing", c'est toujours une décoction d'émotions lancinantes, improvisée pendant ou après les concerts, et navigant entre ambient et expérimentation, dont le seul but est l'impression qui se dégage. "Violence and magical danger" : des accords obsédants se balancent, une mélodie enfantine s'échappe, paisible malgré quelques sons parasites qui l'entourent. Une comptine survient, à mi chemin entre la voix de Deep Blue et celle d'une petite fille, accompagnée de claquements de clavier d'ordinateur. Le développement se prolonge, se brise lorsque les explosions de boîte à rythmes surviennent mais la langueur nostalgique de la chansonnette continue. Tout le paradoxe d'Alog est là : plus leur musique est abstraite, plus l'émotion s'y révèle poignante. |
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