| | | par Jérôme Florio le 16/02/2005
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| Depuis le milieu des années 80, Alex Chilton a délaissé les excès en même temps que l'écriture : depuis, juste une poignée de (très moyennes) compositions originales... Pour autant, on rechigne à parler d'un tarissement de l'inspiration ou d'une politique du moindre effort : Chilton semble maintenant ne faire de la musique que pour célébrer une certaine idée du rock'n roll léger, tonique, ancré (figé ?) dans un âge d'or qu'il a connu pour être né à Memphis en 1946.
Enregistré en une seule nuit à La Nouvelle-Orléans, guitare-voix et sans overdubs, "Clichés" (1993) aurait aussi pu s'appeler "instantanés" : par son dépouillement, il fait figure d'exception dans les disques interchangeables qu'Alex Chilton publie depuis "Black list" (1989) jusqu'au récent "Live in Anvers 2004". Chilton baguenaude sans effort apparent au milieu d'archiclassiques (et même du classique tout court avec "Gavotte", une suite de Bach) et de titres moins connus ("Frame for the blues" de Slide Hampton) une recette qu'il applique systématiquement désormais, une sorte de relecture subjective de l'histoire du rock et du jazz. Le rock est d'ailleurs presque totalement absent de cette sélection, qui fait la part belle à des "standards" signés ou interprétés par Cole Porter, Ray Charles, Nina Simone, Chet Baker
. Alex Chilton, vocalement en forme, avec un jeu de guitare versatile, se montre humblement à la hauteur de ses aînés une façon de prendre place sur la photo à leurs côtés.
Six ans plus tard, "Loose shoes and tight pussy" creuse le même sillon, mais cette fois le disque est enregistré à New-York et Memphis, et on y fait du rock'n roll dans la tradition et la simplicité : guitares (toutes assurées par Chilton), basse et batterie, dans une ambiance effectivement assez "loose", détendue et un peu lâche. L'ensemble, pour être sympathique ("The oogum boogum song"), s'oublie vite.
En tout, pas un titre qui ne soit postérieur à 1960. Alex Chilton se reconstruit un répertoire comme s'il voulait recréer un feeling indépassable qu'il n'aurait fait que copier au sein des Box-Tops, puis de Big Star (trois disques sublimes) : des compositions qu'il évite soigneusement de réinterpréter, comme on se protège d'une mauvaise grippe. C'est une petite frustration pour le fan, mais il faut reconnaître que Chilton fait tout tenir debout, grâce à l'amour sincère qui transparaît pour la musique de son adolescence, sa voix cassée et juvénile, et ce jeu de guitare gourmand. |
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