Un adjectif
semble résumer Albert Marcoeur : inclassable c'est
aller un peu vite en besogne, l'originalité est davantage le maître
mot. Sur cet enregistrement, Albert Marcoeur s'illustre avec le
quatuor à cordes Béla.
Musicalement, on se situe entre une musique
répétitive à la Michael Nyman et le travail d'un Wim Mertens au
piano. Albert Marcoeur parle le plus souvent et le quatuor intervient
en résonnance, jouant aussi le rôle de choeur à réponse. Les
arrangements sont beaux et justes. Du coté des textes, on navigue
à vue à travers l'absurdité des existences humaines mais où
l'humour est permanent. L'auteur s'amuse de petits riens. Il suffit
d'écouter le premier morceau "Pirouette pour des prunes"
consacré à toutes les expressions de la vie quotidienne qui nous
permettent d'esquiver toute discussion ou d'alimenter les
conversations faussement anodines comme effectivement, c'est clair, naturellement ou le titre
"Entretien", sur le papier accumulé au quotidien, comme le
papier toilette ( ici, on parle de PQ) ou le papier alu.
En fait, la
démarche d'Albert Marcoeur n'est pas très éloignée de celle de
Philippe Roussel avec le quatuor Debussy qui s'adressait
magnifiquement à un public de quatre à huit ans. Disons-le tout net : si
Philippe Roussel s'adresse aux jeunes marmots, Albert Marcoeur
touche, avec un vocabulaire souvent cocasse, imagé et toujours
pertinent, les grands enfants que nous aurions dû rester.
ALBERT MARCOEUR Les valises à roulettes (Live 2013)