Chatterton

Alain Bashung

par Olivier Vancaemerbeke le 21/10/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
L'apiculteur


S'il avait voulu assurer le coup, Alain Bashung aurait sorti la suite de "Osez Joséphine", quelque chose comme "Reprenez Joséphine, y'a du rab". Mais il ne l'a pas fait. Au contraire, voilà notre Alain reparti dans les brumes un peu glauques d'une chanson qui n'appartient qu'à lui.

"Chatterton", à quelques rares exceptions près (dont le très reggae single "Ma petite entreprise"), est un album tout replié sur lui-même. A déconseiller aux claustrophobes, tant l'ambiance qui s'en dégage est celle d'une intimité dérangeante, presque voyeuriste. Cette fois-ci, ne cherchez pas la ballade texane, le titre rock, la compo blues... Les mélodies semblent s'excuser aussitôt qu'elles pourraient être fredonnées. Le chant est posé, toujours à la limite du phrasé, quand il n'en prend pas complètement le parti comme sur "J'ai longtemps contemplé".

Les textes que Bashung a co-écrit avec Jean Fauque, ont largué au loin les calembours drolatiques comme pour mieux se fondre dans cette musique intimiste. Rien de tape-à-l'oeil ou plutôt de tape-à-l'oreille là dedans. Avec ses guitares en nappes, cette batterie qui rythme sans jamais marteler, Alain Bashung semble avoir fui tout ce qui lui avait apporté son succès commercial précédent. Choix terriblement courageux, qui démontre que l'honnêteté du bonhomme n'a pas été altérée. Loin d'avoir cherché une quelconque efficacité, Alain Bashung a ici conçu un album d'atmosphères. Celles des solitudes, celles des doutes. Triste, sobre, touchant... et merveilleusement bouleversant. Si c'était une odeur ? celle des fins d'orage.