| | | par Sophie Chambon le 20/05/2008
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| On reconnaît le (bon) goût indéniable du guitariste Jean Philippe Muvien, qui en plus de sa propre activité discographique, a choisi de lancer son propre label et de distribuer sur sa marque Allgorythm les "indés" qui lui plaisent. Ainsi en est il de ce label sicilien Jazzeyes qui met aujourd'hui en valeur le batteur Al Foster.
Deuxième disque en leader d'un magnifique quartet depuis dix ans, cet album porte un titre sans véritable équivoque : quarante ans après le joli mois de Mai 68, ce "Love, peace and jazz" fait retour sur ce qui prolongeait le "summer of love" de 67, mais également rappelle que Wayne Shorter, plus encore peut-être que Miles Davis, (le patron de Foster pendant très longtemps) est l'une des inspirations de l'album. Ce qui se vérifie avec le saxophoniste Eli Degibri, israélien d'origine, qui, au soprano, sait faire monter la pression, installant une tension créative, tout en découpant aussi ses solos de façon aérée au ténor. Créateur de climats, il est soutenu par le "drive" voluptueusement efficace de Foster, le chant puissant et profond de Douglas Weiss. Ce dernier est le contrebassiste du groupe, complice habituel du pianiste Kevin Hays, dernier élément fondamental du quartet au jeu à la fois effervescent, délicat, toujours vibrant.
Belle cohérence aussi dans le choix des titres, parce que les trois longues compositions d'Al Foster se marient thématiquement avec les titres repris à Miles Davis ("Blue in green"), Wayne Shorter ("ESP") ou Blue Mitchell ("Fungii Mama"). Les arrangements qui en découlent se déploient selon une palette de couleurs variées, toujours en recherche d'harmonie, du sombre à l'éclatant, du concentré au diaphane. Profondément réjouissant et tonique ! |
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