| | | par Francois Branchon le 25/11/2002
| Morceaux qui Tuent Pavlov’s bel
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| Il faut sy résoudre, Aimee Mann a changé de bagnole. Certes, personne ne la jamais vue piloter de dragster (même si elle a fréquenté un temps un certain Peter Wolf), et sans remonter au temps du tape-cul (ses Young Snakes en 1983 à Boston), elle sillustra longtemps, au sein de Til Tuesday, à la conduite souple et sportive du cabriolet "made in England", la co-écriture avec Costello de "The other hand of the telescope" coulant alors quasiment de source. Après le succès inattendu de ses chansons pour le film "Magnolia", la donne changea pour elle, inversant le rapport de forces avec lindustrie, pas tendre à ses débuts en solo en 1993. Pour se venger, elle ne diffusa dailleurs (au début tout au moins) son album suivant "Bachelor No2" que par internet. Ce "Bachelor No2" fut précisément la charnière, le passage à lembourgeoisement. Délaissant les Sunbeam et les petites MG sèches et nerveuses, Aimee Mann visait le cossu des berlines confortables et sûres, sièges en cuir, clim, ronces de noyer et flasque de whisky dans la boite à gants. Et aujourd'hui, si la douceur-amertume des mots est toujours là, lécriture musicale est passée du rock à un classicisme pop de qualité, très américain 70s, "à la Carole King" ou "à la Carly Simon", le petit zest d'Angleterre en plus. "Lost in space" suit ces mêmes traces, colère et acidité feutrées des textes, arrangements de piano et de cordes et, bien mises en évidence, les guitares, toujours en demi-teintes (plus appuyées si acoustiques, plus douces sur les fuzz). Des arrangements qui créent presque un décor de rêverie aux chansons de Mann, qui semblent cependant bien fracturées et blessées. Malgré de bons moments, "Humpty dumpty" (une comptine pour enfants revisitée, tirée du Mother Goose) et sa trame pop très accrocheuse, "Pavlovs bel", un sommet, le vrai morceau presque rock du disque, grand solo de guitare, refrain accrocheur (une histoire de relation qui foire) et quelques autres ("This is how it goes", "Todays the day", "Moth"...) et toutes ses vertus - album dhumeur, parfait "chill out" mélancolique pour ceux qui ignorent la techno - "Lost in space" souffre dune certaine monotonie. Une monotonie que l'on attribuera au ronronnement feutré du V8. Reste que la Aimee Mann est une femme de goût, qui préfèrera toujours la classe élégante des Jaguar à la suffisance nouveau riche des grosses allemandes. |
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