| | | par Jérôme Florio le 31/05/2008
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| Adam Green a une voix presque trop grave pour son âge (comme Scott Walker en son temps – ou Lee Hazlewood, sans les moustaches). Mais il n'y a que son organe de baryton qui râcle les pâquerettes : l'inspiration de "Sixes & sevens" est légère, l'humeur badine.
Les petites chansons pop très bien troussées d'Adam Green ont poussé sur le terreau "anti-folk", label que s'était autodécerné son premier groupe les Moldy Peaches (un genre continué aujourd'hui par Jeffrey Lewis). Loin du son étriqué des débuts, Green enchaîne sous son nom et avec un bel appétit des disques qui rencontrent un succès solide – les jeunes filles en sont folles (la faute à "Jessica"). "Sixes & sevens" démarre sur une fausse piste de crooner soul (cuivres et choeurs qui pulsent sur "Festival song", "Morning after midnight"), Adam Green retombant ensuite dans une routine qui n'appartient qu'à lui. L'ensemble est de tonalité acoustique, avec plein d'instruments qui font des sourires en coin. Papillonneur, Green enchaîne sans a priori titres impeccables en acoustique, petits plaisirs égoïstes ("Leaky flask"), taquine la sortie de route en faisant trop le show : la flûte de pan sur "You're so lucky" (rien à faire, cet instrument me rappellera à vie l'Amérindien qui massacre Simon & Garfunkel sur le RER A), ou le groove replet de "Twee twee dee" (on pense au Lee Hazlewood je-m'en-foutiste de "Something special"). La quasi-totalité des chansons tourne autour des 2'30 : Adam Green donne l'impression de se lasser très vite, mais il se dégage de "Sixes & sevens" une certaine générosité. Les titres les plus simplement arrangés (juste une guitare) sont très agréables, par exemple le charmant "Drowning head first" chanté en duo avec sa dulcinée – réminiscence du "I'm sticking with you" du Velvet Underground (chanté en par Moe Tucker et Lou Reed) ? D'ailleurs "Be my man" reprend les accords inusables de "Sweet Jane" tout en citant "Never can say goodbye" de Gloria Gaynor… on pourrait continuer longtemps le jeu du marabout de ficelle.
On n'aura pas le culot de demander plus de discipline à Adam Green, même si on aimerait bien le voir se hisser à la hauteur de Kevin Ayers ("Tropical island") ou Jonathan Richman (il a tout de même écrit une chanson intitulée "Mozzarella swastikas" !). Cette fausse impression de roue libre fait tout le charme de "Sixes & sevens", qui penche au final vers une superficialité érudite et pas sérieuse.
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