To all things what they need

A Guy Called Gerald

par Emmanuel Durocher le 15/02/2005

Note: 6.0    

Dans la famille Simpson, il y a un cousin éloigné prénommé Gerald originaire de Manchester. La contribution de ce mec à l'émergence de la musique électronique en Grande-Bretagne (et donc en Europe ) ainsi qu'à l'expansion de l'acid house n'est pas des moindres ; on lui doit en effet deux morceaux majeurs de cette période, "Voodoo Ray" en 1988 et "Pacific state" avec 808 State en 89, deux titres à ranger dans le panthéon de cette époque aux côtés du "Fine time" de New Order ou du "Hallelujah" des Happy Mondays.

Mais les influences et les attirances du gars Gerald ne se limitèrent pas aux zones brumeuses du nord de l'Angleterre pour traverser l'Atlantique et se perdre dans le nouveau continent, du hip-hop à Franckie Knucles, de Detroit à Chicago. L'ouragan du phénomène Madchester passé, il a pu se diversifier et est devenu un pionnier du mouvement drum and bass au cours des années 90 avec ses albums "28 gun bad boy" ou "Black secret technology". Depuis ce dernier, paru il y a dix ans, est sorti "Essence" en 2000 avec une jungle toujours sympathique très apparentée à celle d'Alex Reece mais à la longue devenue un brin conformiste.

En 2005, presque vingt ans après ses débuts et au rythme bien pépère d'un album tous les cinq ans, peut-on s'attendre à une petite révolution dans la musique du bonhomme ? Pas vraiment, mais on notera une évolution : les beats drum and bass sont délaissés pour des superpositions de nappes synthétiques plutôt planantes mais toujours rythmées. Attention, il ne fait pas dans l'ambient (aïe ! gros mot) notre type mais il lorgne du côté d'Orbital période "In-sides" ("Call for prayer"), du Future Sound of London ("American cars") voire plus loin vers l'orient fantasmé (avec le minimalo-compacté "To love"). On ressent dans la première moitié de l'album une certaine exaltation avec des envolées susceptibles de donner la bougeotte et tenir prêt à accompagner le bonhomme sur des sentiers moins calibrés mais finalement pour s'essouffler très rapidement sur la suite du disque, de l'irritant "Tajeen" au dispensable "Strangest changes" avec Finley Quayle. On termine la route sur des morceaux sans âme avec un goût d'inachevé.

Conseillons à notre vétéran de s'offrir une seconde jeunesse à l'approche de la quarantaine, qu'il ressorte la vieille TB303 et aille remixer avec 808 State. On peut toujours rêver…