"Our hearts belong to
the storm" se propose d'imposer l'univers du couple Clémence
Léauté et Frédéric D. Oberland : des ambiances lourdes et
sensuelles, chargées de mystère.
Leur décor se définit surtout par
rapport à d'autres, notamment David Lynch ou plutôt son compositeur Angelo Badalamenti : sur la BOF de "Twin Peaks", la répétition mécanique des accords de guitare, avec un profond vibrato, faisait descendre par paliers dans l'imaginaire de la série - comme l'oscillation du pendule d'un hypnotiseur plonge dans un sommeil de plus en plus profond. Ici, leur utilisation sonne comme un lointain écho, entre le clin d'oeil et le gimmick ("Lonely lady", "I'm the ocean"). Le disque est construit en
séquences, comme un road-movie nocturne à la Lynch ou Jarmusch (influences
revendiquées du duo). Le timbre
blessé de Clémence, presque implorant, sur "The ballad of Loreley" rappelle celui de Beth Gibbons (de Portishead, plus précisément "Roads", sur
"Dummy" en 1997). L'atmosphère licencieuse va de pair
avec licence poétique, puisque "Ennui" est un poème de Maurice
Maeterlinck - c'est un autre couple qui vient alors en mémoire, les Américains
Oren Bloedow et Jennifer Charles (Elysian Fields, auxquels on ne fera aucune
infidélité) pour l'utilisation de textes, de légendes aux
métaphores équivoques. Au crédit de 21 Love Hotel, on mettra l'économie de
moyens pour créer l'ambiance, peu d'effets et d'instruments, on sent que le
disque a été composé dans l'intimité de la guitare de Frédéric et de la voix de
Clémence.
Pour l'instant, on rattache trop aisément "Our hearts
belong to the storm" à ses influences : un disque plus fantasmé que
personnel. On verra plus tard si 21 Love Hotel peut nous faire passer de
l'autre côté de l'écran.
21 LOVE HOTEL Lonely lady (versus Kid Loco) (Clip 2008)