Our hearts belong to the storm

21 Love Hotel

par Jérôme Florio le 30/11/2008

Note: 6.5    

"Our hearts belong to the storm" se propose d'imposer l'univers du couple Clémence Léauté et Frédéric D. Oberland : des ambiances lourdes et sensuelles, chargées de mystère.

Leur décor se définit surtout par rapport à d'autres, notamment David Lynch ou plutôt son compositeur Angelo Badalamenti : sur la BOF de "Twin Peaks", la répétition mécanique des accords de guitare, avec un profond vibrato, faisait descendre par paliers dans l'imaginaire de la série - comme l'oscillation du pendule d'un hypnotiseur plonge dans un sommeil de plus en plus profond. Ici, leur utilisation sonne comme un lointain écho, entre le clin d'oeil et le gimmick ("Lonely lady", "I'm the ocean"). Le disque est construit en séquences, comme un road-movie nocturne à la Lynch ou Jarmusch (influences revendiquées du duo). Le timbre blessé de Clémence, presque implorant, sur "The ballad of Loreley" rappelle celui de Beth Gibbons (de Portishead, plus précisément "Roads", sur "Dummy" en 1997). L'atmosphère licencieuse va de pair avec licence poétique, puisque "Ennui" est un poème de Maurice Maeterlinck - c'est un autre couple qui vient alors en mémoire, les Américains Oren Bloedow et Jennifer Charles (Elysian Fields, auxquels on ne fera aucune infidélité) pour l'utilisation de textes, de légendes aux métaphores équivoques. Au crédit de 21 Love Hotel, on mettra l'économie de moyens pour créer l'ambiance, peu d'effets et d'instruments, on sent que le disque a été composé dans l'intimité de la guitare de Frédéric et de la voix de Clémence.

Pour l'instant, on rattache trop aisément "Our hearts belong to the storm" à ses influences : un disque plus fantasmé que personnel. On verra plus tard si 21 Love Hotel peut nous faire passer de l'autre côté de l'écran.


21 LOVE HOTEL Lonely lady (versus Kid Loco) (Clip 2008)